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le corps dans sa croupe.
Elle ne se souvient pas des arbres. D’ombre ni de feuillage. La cour de son école est grise, sèche. Son terrain, dur. Sauter fait mal aux pieds ; corde, élastique. Ou marelle. Jouer, c’est sauter de tout son corps qui rugit je ; en silence haut et fort. Sourire, à la mine de rien. Terre ou ciel, ça fait mal. L’entre-deux, ça fait mal. Mal de jouer parmi les filles, gorges à glousser dès qu’ensemble.
Elle ne se souvient pas du moelleux de la terre. La semelle de ses souliers, gifles qui frappent et brûlent à chaque bond. Mal de ne pas jouer ; yeux de biais, voleuse de vie, envieuse d’amitié.
Elle ne se souvient pas de banc où s’assoir pour assister au spectacle, drame ordinaire. Où poser ses fesses pour séparer le haut du bas ; sentir le corps dans sa croupe. Souvenirs de coins de cour. Les coins sont punitions d’office, ça se passe de maîtresse. Pour ne pas jouer, pour ne pas être vue soustraite aux autres, elle se cache dans le coin gauche au fond.
Elle ne se souvient pas du silence chapeautant l’air. Seuls leurs rires, les cris et parfois des voix fortes, inaliénable aplomb des adultes. L’apnée bruissante qui succède aux sonneries de retour en classe.
Elle ne se souvient pas des odeurs de la nature autour. Des vallées et terrasses derrière les barricades de béton ; protéger les enfants de leur vitalité, imprudence de la vie.
Elle ne se souvient pas et s’étonne de la douceur qu’insufflent verdure et vent dans les feuillages. Du velouté des ombres sous des arbres aux allures centenaires. Elle devant ; ses branches de bras oscillant entre passé et présent.
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blanches parallèles.
Les grilles sont blanches, immaculées. Tissage de ferraille qui filtre vent, lumière. Qui filtre le bleu, pas très bleu, du ciel ; l’agglomérat de nuages. Qui filtre l’air libre : dans cette cour extérieure, le dehors, le vrai, respire de l’autre côté.
Le vrai dehors, derrière ces tiges de fer qui enclavent la cour ; extérieure la cour, mais intérieure, prisonnière de l’espace délimité par les pans de grillages partout autour.
Et de l’autre côté, morcelé par ces parallèles de lignes de fer blanc, l’extérieur se devine à travers les fentes. Comme derrière la maille resserrée d’un tricot immense et rectangulaire tissé avec régularité. Un oiseau passe, vole bas. Battements d’ailes, à peine. Pigeon à la traversée disgracieuse, lourde.
Au-dessus des grilles, barbelés. Trois lignes séparées par un large espace, en contraste avec la partie basse très dense des murets de fer. Mais barbelés ; leurs pointes acérées désavouent la liberté qui se dégage de la vue du ciel dilaté entre des parallèles d’acier.Changement de plan. Devant une baie vitrée séparant la cour, d’un bâtiment aux façades ocre, trois personnes assises de part et d’autre d’une table blanche aux bordures arrondies. Ses pieds, deux colonnes grises. Plateau est vide. Un jeune homme d’un côté ; sur le banc arrière, une petite fille se tient près d’une adolescente. La gamine n’a pas froid, vêtue d’un simple survêtement rose. Les deux autres sont en doudoune noire fermée jusqu’au col.
Ensemble autour de la même table, ils semblent seuls. Il suffit d’observer leur regard pour se demander s’ils savent présents les deux autres tout près. Ils regardent dans la même direction, yeux rivés sur l’espace aussi vide que la table. Ou sur le grillage en face.
Le jeune homme tourne le dos aux filles ; à la main, il tient une feuille (une lettre ?) qu’il ne regarde pas. Il regarde devant, puis sans bouger la tête, par le seul mouvement des yeux, se met à fixer la caméra.
Derrière eux, des tremblements lumineux, à peine perceptibles finissent par signaler la télévision haut perchée contre un mur, dans la salle commune du bâtiment aux murs ocre. Aucune image n’est visible, seuls les changements de l’écran, les couleurs, ses soubresauts. Incessants. Dans ce même coin gauche, mais côté cour, une table de ping-pong repliée n’attend pas de joueurs.Changement de plan. Un homme, bonnet noir, tennis rouges. Il marche dans une petite allée aussi grillagée. Enchevêtrements de ferraille, d’une architecture analogue à la précédente séquence : même lieu, autre aile.
Posées au sol, des chaises noires et blanches. Nombreuses et vides. Partout, nombreuses, vides. Vides, partout. Des chaises. Le noir et blanc d’une réception sans invités. Lignes bien rangées de sièges côte à côte. D’autres en désordre. Par endroits, isolés ; se regardent. Isolées, inutiles en cet instant. Beaucoup de chaises dans cet espace étroit, sans corps pour les occuper. À l’avant, à gauche un cendrier sur pieds arbore son sourire illuminé : l’illustration d’une cigarette qui le désigne.
L’homme en bonnet avance, mains dans les poches. Il est maigre, son épaule gauche remonte, déséquilibrant le corps. Son gilet noir en laine semble ainsi plus long du côté opposé. Le coin de sa bouche redressée vers le haut aussi, du même côté que le bras qui remonte ; moue qui creuse sa joue, sculpte le visage au gré de ses rides longues. Il avance d’un pas régulier et déterminé comme porté par un dessein de lui seul connu. Et quand il approche, semblant sortir du champ, il fait demi-tour, trace une ligne perpendiculaire à son arrivée, puis repart dans l’autre sens, poursuit sans interruption sa marche en direction inverse, vers la grille de fond. De ce même pas résolu, malgré l’impasse du panneau de fer au bout. Demi-tour à nouveau. Puis revient vers la caméra. 1, 2, 3, 4, 5, 6,… pas. Dix pas à chaque trajet. Demi-tour à nouveau. Trois pas à chaque volte-face. Par moment, le regard de l’homme, comme celui du jeune homme de l’autre plan, croise la caméra, à peine perceptible. Impossible d’affirmer qu’il sourit. -
Marc Jahjah (2)
L’écriture de soi “en ligne” : une pratique automédiale.
Extrait : « (…) J’aimerais finir ce billet avec quelques pistes seulement, en m’appuyant sur le travail d’une amie et poétesse, qui pratique l’écriture (multimodale, audiovisuelle, dispositive) sur le web : Gracia Bejjani. L’auteure a d’abord une pratique automédiale dont on peut régulièrement trouver des marqueurs sur son “mur”, comme en témoigne sa série sur les souvenirs proposés par FacebookLe premier exemple dénie à Facebook son droit à qualifier nos propres expériences et notamment sa prétention architextuelle (c’est-à-dire d’écriture de nos écritures), en interrogeant son geste technique. En pointant du doigt un processus indexical, qui assigne nos énoncés à un temps et un espace donnés, l’auteure pose implicitement une question : si “ceci” n’est pas un souvenir, qu’est-ce donc ? Le deuxième exemple est une resignification : elle repose sur l’interpellation (“Il y a 2 ans ?”), qui introduit du doute dans un processus banalisé, puis sur la réaffirmation d’une énonciation propre, en écho au premier énoncé(…) »
….>> lire également les autres articles de Marc Jahjah
Portraits de formes littéraires (1) la règle et l’attente
Formes littéraires sur le web (3) présence de l’élégie -
ce qui demeure. (vidéo).
Extrait : (…)visage demeure et yeux éclaboussés
ce qui demeure du tendre alphabet d’avant
déraison
je traverse le temps creusé et blanc
poreuse aux rafales floues
mes souvenirs brunis
aveux qui tanguent, l’abandon
je suis née de cette ville éparse(…)
#LittéraTube #VidéoEcrituretrajet de taxi, aéroport maison.
le texte de cette vidéo est également à lire ici:
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j’ai lâché ma peau. (vidéo).
Extrait : (…) »j’ai laissé tomber ma peau, ses haleines
comme glissent les vêtements un soir de fatigue
j’ai abandonné le cœur, ses vagues sonores
le souffle qui voyage entre les os
j’ai brésillé les os et leurs tendons
chuintement des atomes qui pulsent verbe » (…)
#LittéraTube #VidéoEcriturele texte de cette vidéo est également à lire ici:
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peau hâte mes larmes.
vous claquez en moi
élans et pays
et minutes comme poings au bout des cils
mes paupières à l’écran
ritournelles de drapeau, j’aime qu’arbre enlace le centre
foule, chants ; des prières
hymne et moi coi de mots rompus
me précipite autre, trop d’émoi
la peau hâte mes larmes
une vie de loin, à trembler
vos pouls en sourdine
je ne décolle ni traverse
je suis votre odeur, votre fille
pourquoi écrire encore ce Liban ?
n’est-il temps de tourner la page ?
crétine injonction, nous sommes le livre
pages comme nerfs s’accrochent
vos ombres, mon corps
une vie de loin tenaillée
sans la mansuétude du j’appartiens toute
je suis l’inconsolée, enfiévrée. Loinla vidéo réalisée avec ce texte est également visible ici:
https://graciabejjani.fr/2019/10/20/peau-hate-mes-larmes-video/ -
tu te demandes si dieu, voilà ma réponse.
philOrdinaire (3)
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mouvivre
– tu sais vivre en même temps
– sinon je meursphilOrdinaire (2)
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je te mâche terre. (vidéo).
Extrait : « pays-nuit
je m’enroule dans tes peaux
tes bras dans mon dos
poids et refuge » (…)
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en langue gutturale. (vidéo).
Extrait : (…) Regards aux odeurs perlées
Quand nature sue
Le réel immune résiste aux doigts pugnaces des mots
Monticules de paroles tues en bouche
Je me rejoins quand j’aime en langue gutturale (…)
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injonction de nos temps.
pendant ce temps-là sur facebook
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passé poudreux. (vidéo).
Extrait : (…) Mes bras, asiles de sang humain, comme étreinte Malentendus syllabiques qui s’écrivent
Sans mes bras, je sombrerais
paysage nu d’une pluie élastique (…)
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autofictiographie (3), en creux. (vidéo).
Extrait : (…) je m’émerveille toujours du déclic des interrupteurs : lumière!
foudre, éclairs et je redeviens toute petite
tonne le corps aussi, entre fascination et terreur
je n’ai pas d’imagination, je cambriole mes rêves
accro au café.(…)
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à vif. (vidéo).
Extrait : (…) Achrafieh. A. Aleph. Au commencement était Achrafieh. Avant d’épeler le pays, c’est le nom du quartier qui a marqué tes origines. Sans te douter que la question de l’origine hantera ta vie.(…)
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édifices. (vidéo).
Extrait : (…) ce qu’on n’envisage pas
de l’ombre nous basculera
on se redressera du sol
on s’exposera, fragments de hasard
l’essentiel sera discret
niché aux interstices
nos gestes hiéroglyphes
palimpsestes utopies (…)
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écrire, ombrer le réel (10). (vidéo).
(…) la langue envahit, sans l’épreuve de soi
et broie sous ses lettres canines
l’instant et ses embarras
écrire et résister à la jouissance
bander la beauté immédiate (…)le texte de cette vidéo est également à lire ici:
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«mais si vous mourez de décès non approprié…» me dit le banquier.
philOrdinaire (1)
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comme enfant je fuis. (vidéo).
Extrait : (…) je fuis comme enfant se précipite, sans ennemi désigné
poursuivi par la fixité des horizons
leur inexistence azurée
courir suffit à arrêter le monde
je fuis comme enfant vos peurs oxymores(…)
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exils de table.
« chez toi, les meubles ont des pieds », ta mère aime se faire taquiner, les pieds qui bougent, c’est elle, sa manie de remodeler les pièces de l’appartement. Plusieurs fois par an, lieux se transforment, identiques déplacés, différemment assemblés. L’espace se fabrique dans le mouvement des objets. Ça circule, ça vit, vous déménage sans changer d’appartement. Les meubles ont des pieds à dégourdir.
Seule la table de la salle à manger résiste, enracinée au sol, en centre de pièce. Longue, massive, évidente. Table à manger et c’est famille autour. Table, y poser les coudes. Ne pas. Table à dresser, assiettes et couverts t’applaudissent de leur cliquetis sonore en se laissant déposer. Tes bras, fiers d’être utiles. Tu en profites pour répéter la différence gauche/droite en secouant la main qui écrit, comme pour gronder les absents.
Table à manger ordonne l’espace, rythme le temps. Aléatoires repas en semaine. Puis le déjeuner des dimanches, sacré. Table et places autour, comme cartes distribuées. Toi ici, quelle sera ta place dans le monde, dans la vie à venir. Tu testes parfois la chaise qui trône au bout, usurper l’identité de ta mère. Table à manger c’est famille, répétitions de gestes, repères et sursauts quand un étranger s’assoit à la place du frère, intrus à ta gauche. Saugrenu désarroi d’abandon fraternel ; tu sais qu’il n’en est rien, simple hasard de tablée.La table te remâche en mille images, originaire kaléidoscope des mêmes fixations : trajet entre la porte de ta chambre et la salle à manger. Le corps à la loupe de tes petits pas timides vers vos invités. Tu n’as pas pu sortir avant, assise par terre pour tu ne sais quelle attente. Quelques minutes, pas tout à fait prête, tu mens un peu, tu es habillée il suffirait d’y aller. Tu repousses comme toujours le moment, tu pries qu’il suffise de reporter pour que ça s’annule. Tu retardes ; c’est pire, ils sont arrivés, installés. Oncles, tantes, enfants. Tu seras visible du seuil ouvert sur ton corps en brindilles. Les rejoindre, marcher, un savoir que tu perds quand il s’agit d’arriver parmi eux déjà regroupés, bruyants comme les moments de récréation où tu joues à isoler les voix connues.
Tu te promets d’anticiper au suivant, t’installer avant leur arrivée. Tu te feras chaise de salle à manger, te feras bois pour être aussi peu exposée que meubles de présence. Petits pas, c’est timide comme honte, honte de tout toi, cheveux robe et chaussures blanches comme faute. Honte toujours. Et la table à manger, témoin.Tu passes d’un superlatif à l’autre. Leurs mots regardent ta mère pour s’assurer de l’effet, elle a poussé, tu te sens fière et bête, quel mérite à grandir. Un pied puis l’autre sans trébucher, tu avances en équilibriste, scrutée et ignorée par mêmes pupilles comme des questions qui ne viennent pas. Sans savoir que faire des yeux, de l’absence. Tu flottes, allure du trop visible, objet de l’imperceptible. Pourquoi si timide, qu’elle vienne ici que je l’embrasse. Isoler les voix qui remontent de la table, elles semblent sortir des plats en couleurs. Trop de nourriture, trop de voix, trop de toi en simples dîners de famille. Salle à manger, un espace de normalité, mais vous vous exagérez, mis en exergue.
Il suffirait de traverser ces voix, de trouver une chaise, te perdre parmi eux. Ta place comme toujours après tu la chercheras. Mains accrochées à la solidité de la table qui vous réunit toujours. Vous réunit et vous sépare, table comme frontières et tu t’amuses à faire des prénoms des républiques, les nommer pays pour oublier qu’oncle et tante, puis imaginer des guerres, avec les couverts pour armes.La table à manger sera rapatriée après moins d’un an d’exil. Elle vous suivra, listée parmi les indispensables à récupérer de l’appartement de ton enfance. Vous aviez fermé la porte ce matin-là pour un déjeuner de famille sans vous douter qu’il ne vous sera plus possible d’y retourner, sans vous être préparés à cet arrachement. Notre maison, tu disais, «appartement» t’aurait tenue à distance. La table de la salle à manger et ses dix chaises, ta mère établit de mémoire les listes, ton père se charge du retour parmi vous de ces objets estimés importants. Chaque mot consigné signe douloureusement le renoncement forcé au véritable retour à l’avant.
La table occupe autrement l’espace dans ce lieu qui ne t’a pas vu naître. Elle laisse peu de place au passage, sérieuse, efficace. Tu ne te caches plus dessous. Tu ne recherches plus de sécurité dans l’ombre qu’elle crée sous elle. Ce n’est plus ta tente en bois, ta maison secrète.Aujourd’hui tu es l’exilée, tu reviens toujours. Les pieds des meubles ne se sont pas assagis, de nouveaux bibelots grimacent çà et là, la table de la salle à manger a conservé son arrogance de roc au centre de l’agitation. Apprêtée de sa belle nappe en dentelles, elle t’épie, placide comme les bras de ta mère. Robuste comme on ne fait plus, elle ne plie ni se brise sous le poids des plats aux couleurs assemblées, telles perles de colliers croisés. Tu reprends place dans vos repas de famille ; pour eux, ils n’ont jamais cessé. Tu rattrapes vos murmures d’antan : ta vie d’exil, longue pause entre deux retours. Tu n’as plus la même honte, persiste la petite gêne à être scrutée a-t-elle maigri, est-elle heureuse, pense-t-elle encore à nous, va-t-elle un jour revenir pour de vrai… Tu te dépêches alors de t’assoir à table : sa masse entre vous te protège de leurs inoffensifs regards. Temps, distance et tu peines à voir la peau de leurs visages, une main d’irréel recouvre leurs traits, poussière emplâtrée. Tu te tiens comme si la continuité n’était pas criblée d’absence. Flottes sourde, tétanisée de voir vieillir mère et père. Tu presses ton corps contre la table, soubassement de pérennité.
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calciner ta présence. (vidéo).
Extrait : (…) on est le réel, ce soi hagard au monde
tu métallises l’alentour, me ferres
féroce douceur que ton hasard, pourquoi toi ?
j’écharpe pitoyables mots pour calciner ta présence (…)
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je me demande pardon. (vidéo).
Extrait: « (…) je me hante, ramassée poings
l’obscurité emplit la gorge
le remords me désigne
demain me répète, monologue
je me repentis devant mes doigts
vertèbres heurtées et peau peur (…) »
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lactescence de chants impromptus. (vidéo).
Extrait: « (…) instants effrités d’yeux que je redoute
douleur de mère fracasse le monde
chuchotis de peaux
ses brumes enfouies, doigts dents
l’inconsolable
mère, dette des entrailles. (…) »
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stalactites de guerres passées. (vidéo).
Extrait: « (…) je n’ai pas mal
je sèche
nerfs de douleur
elle campe corps
elle prend, absolue
l’esprit méandres sur pupilles de pierre
je pèse, paralysie de bêtes (…) »
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dernier cri d’une chair que l’on écrase. (vidéo).
Extrait: « (…)le corps vide d’un cafard
l’innommable
le dégoût est le sang que tu ne comprends pas
déroute de sens
honte
le dégoût est honte
le dégoût est ta honte. (…) »
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autofictiographie (2), la presque gravité. (vidéo).
Extrait: « Je me frotte bien le crâne sous la douche pour faire circuler le sang partout, aux orteils aussi. Je ne traverse pas au vert, mais au reflux des voitures. J’ai connu le pouls de la guerre, ses fracas, ses silences, démence. Je me parle doux ou sévère, comme à l’enfant que je n’ai pas eue. J’aime être écrasée, vivre le poids des autres dans mon corps. Être touchée du visage, insupportable intimité. Il me suffit de te dire mon prénom (…) »
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ce qui frétille effervesce pétille vivifie euphorise est-il encore de mise dans un monde en morceaux ? devons-nous nous sentir coupables de nos rires ?
avec Pascal Perrot
texte de Pascal Perrot, extrait de son recueil « Une brèche dans la tapisserie des ombres » – parution 2019 aux Éditions du Cygne
https://www.editionsducygne.com/editions-du-cygne-breche-tapisserie-ombres.html -
matin, vacarme de mondes ralentis. (vidéo).
Extrait: « matin, vacarme de mondes ralentis
égrène ses secondes d’à peine
je m’écarte, émaillée de ciel
ses nuées, ses ruelles vaporeuses
me défais, spacieuse chair
odorante fatigue égarée des nuits, des ratures
je me rends, velours et porcelaine
tressauts de fantômes dans les nerfs
à leur langue de verrous m’abandonne (…) »
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pays-corps, Liban.
Je le disais terre, pays chair. Pays corps. Le pays mon corps, sa soif. Les plages de ses cieux nous scellent, récits ; mots comme malléables semelles. Paroles traversées de spasmes, d’insectes, d’horizons. Sur des peaux qui tressaillent d’ombres enfouies. Toujours je reviens, comme histoires aux enfants.
Pays corps. Douces fureurs. Aussi douloureuses que résonance de joie. Comme corps, mon impossible à penser ; inspirant, volubile si j’écoute. Pays corps, je m’en distrais. Houles de présence pourtant. Je ne pense pas mon sang, mon pouls, on se vit. Je commence où, quand ça s’arrête ; questions comme vents, me bousculent vertiges.
Comme mon corps, je manque le pays. Le confie à d’autres mains, leur essaim. Sanglé à distance, spectacle familier et je perds sa matière. Mon corps territoire gothique, il me cacherait ses misères, finirait par me consumer, comme si lui moi. Mais le soin.
Comme mon corps, le pays, l’invisible à mes yeux ; moins je l’éprouve plus il saille, démesure. Comme corps, le cri aphone des lassitudes retenues. Cri qui me fuit, abstraction que j’habite. M’éclipse. Et nous. L’absolu à reculons, sourd à nos bruissements, au lyrisme affluant de nos soleils.
Pays m’affole, j’hallucine sa perfection, le sais écorchures, mosaïque de paradoxes. Comme corps. Indécences et splendeurs. Pays-corps d’étonnante vitalité. Ploie, nappes d’impuissance, d’amours pliés dignes. Rebelle palimpseste de cellules étrangères, de peaux emmêlées. Mon lien au pays, épars silences. Tablées de dimanches, agoras indisciplinées. Pays de rage de frissons, aussi secret que boyaux, que veines, aussi énigmatique que mes os. Essentiel.
Je retourne au pays comme je me touche des fois, bras, ventre, cérémonie d’émotions. Harassée, puissante de fièvre indicible. Je retourne me consoler de mystères ordinaires. Odeurs de rues, montagne qui se fait ciel au tournant d’une route. L’école de mes années adolescentes… Je touche ma peau, corps remonte larmes, comme vie passée au pays, dans le dépouillement qui soulève ses vagues évasives. Méditerranée, si étale. Opaques eaux de mon pays corps.
#liban #lebanon #لبنان_ينتفض -
on vieillit des mains.
Extrait: « (…) nostalgie de poigne
lui manque de gifler le trop d’amour sur ses joues
mais à peine si bougent les doigts
pianote pour vérifier, se vérifier encore là
je suis je moi moi… elle ne sait pas
désarroi dans les yeux de trop d’incertitude (…) »
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sacrifier douce mort. (vidéo).
Extrait : « la mère parle
rire qui chaloupe
couleurs de pilules
machine à respirer (…) »
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immobilité verticale.
Ton chant me fouaille, notes de peu
Ta nuit monte en moi
Crampes de sang
J’arpente tes longs silences
Tu es énigme, sens.
Tu es filigranes d’orage
Cécité de corps
Dans l’air effilé, liquide
La terre bouge, gorge obstruée
Tu es bonheur de bouche.
Le vent te ressasse, si j’écoute
Tu es ondes, frétillements étales
Ça bruisse dans lourdes veines
Éther de caresses charnues
Tu es immobilité verticale, amnésie.
Tu as lézardé les mots, geste de ténèbres
Couleurs martelées s’érigent en creux
Gangue de douleurs
Mâchoire en lacune de compassion
Ton éclipse assourdit l’âme.
Séparée de toi, je vis sevrée de grâce
Te balbutie sans rédemption, mon errance
Tu es dehors, scansion ; corps te manque
J’ai tout oublié ; et le lien
À ta permanence sanglée.la vidéo réalisée avec ce texte est également visible ici:
https://graciabejjani.fr/2019/10/27/immobilite-verticale-video/