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  • se relier sans se renier. (05)

  • de moi à moi, mots comme cendres de nuit.

    #insomnie

  • le corps dans sa croupe.

    Elle ne se souvient pas des arbres. D’ombre ni de feuillage. La cour de son école est grise, sèche. Son terrain, dur. Sauter fait mal aux pieds ; corde, élastique. Ou marelle. Jouer, c’est sauter de tout son corps qui rugit je ; en silence haut et fort. Sourire, à la mine de rien. Terre ou ciel, ça fait mal. L’entre-deux, ça fait mal. Mal de jouer parmi les filles, gorges à glousser dès qu’ensemble.

    Elle ne se souvient pas du moelleux de la terre. La semelle de ses souliers, gifles qui frappent et brûlent à chaque bond. Mal de ne pas jouer ; yeux de biais, voleuse de vie, envieuse d’amitié.

    Elle ne se souvient pas de banc où s’assoir pour assister au spectacle, drame ordinaire. Où poser ses fesses pour séparer le haut du bas ; sentir le corps dans sa croupe. Souvenirs de coins de cour. Les coins sont punitions d’office, ça se passe de maîtresse. Pour ne pas jouer, pour ne pas être vue soustraite aux autres, elle se cache dans le coin gauche au fond.

    Elle ne se souvient pas du silence chapeautant l’air. Seuls leurs rires, les cris et parfois des voix fortes, inaliénable aplomb des adultes. L’apnée bruissante qui succède aux sonneries de retour en classe.

    Elle ne se souvient pas des odeurs de la nature autour. Des vallées et terrasses derrière les barricades de béton ; protéger les enfants de leur vitalité, imprudence de la vie.

    Elle ne se souvient pas et s’étonne de la douceur qu’insufflent verdure et vent dans les feuillages. Du velouté des ombres sous des arbres aux allures centenaires. Elle devant ; ses branches de bras oscillant entre passé et présent.

  • blanches parallèles.

    Les grilles sont blanches, immaculées. Tissage de ferraille qui filtre vent, lumière. Qui filtre le bleu, pas très bleu, du ciel ; l’agglomérat de nuages. Qui filtre l’air libre : dans cette cour extérieure, le dehors, le vrai, respire de l’autre côté.
    Le vrai dehors, derrière ces tiges de fer qui enclavent la cour ; extérieure la cour, mais intérieure, prisonnière de l’espace délimité par les pans de grillages partout autour.
    Et de l’autre côté, morcelé par ces parallèles de lignes de fer blanc, l’extérieur se devine à travers les fentes. Comme derrière la maille resserrée d’un tricot immense et rectangulaire tissé avec régularité. Un oiseau passe, vole bas. Battements d’ailes, à peine. Pigeon à la traversée disgracieuse, lourde.
    Au-dessus des grilles, barbelés. Trois lignes séparées par un large espace, en contraste avec la partie basse très dense des murets de fer. Mais barbelés ; leurs pointes acérées désavouent la liberté qui se dégage de la vue du ciel dilaté entre des parallèles d’acier.

    Changement de plan. Devant une baie vitrée séparant la cour, d’un bâtiment aux façades ocre, trois personnes assises de part et d’autre d’une table blanche aux bordures arrondies. Ses pieds, deux colonnes grises. Plateau est vide. Un jeune homme d’un côté ; sur le banc arrière, une petite fille se tient près d’une adolescente. La gamine n’a pas froid, vêtue d’un simple survêtement rose. Les deux autres sont en doudoune noire fermée jusqu’au col.
    Ensemble autour de la même table, ils semblent seuls. Il suffit d’observer leur regard pour se demander s’ils savent présents les deux autres tout près. Ils regardent dans la même direction, yeux rivés sur l’espace aussi vide que la table. Ou sur le grillage en face.
    Le jeune homme tourne le dos aux filles ; à la main, il tient une feuille (une lettre ?) qu’il ne regarde pas. Il regarde devant, puis sans bouger la tête, par le seul mouvement des yeux, se met à fixer la caméra.
    Derrière eux, des tremblements lumineux, à peine perceptibles finissent par signaler la télévision haut perchée contre un mur, dans la salle commune du bâtiment aux murs ocre. Aucune image n’est visible, seuls les changements de l’écran, les couleurs, ses soubresauts. Incessants. Dans ce même coin gauche, mais côté cour, une table de ping-pong repliée n’attend pas de joueurs.

    Changement de plan. Un homme, bonnet noir, tennis rouges. Il marche dans une petite allée aussi grillagée. Enchevêtrements de ferraille, d’une architecture analogue à la précédente séquence : même lieu, autre aile.
    Posées au sol, des chaises noires et blanches. Nombreuses et vides. Partout, nombreuses, vides. Vides, partout. Des chaises. Le noir et blanc d’une réception sans invités. Lignes bien rangées de sièges côte à côte. D’autres en désordre. Par endroits, isolés ; se regardent. Isolées, inutiles en cet instant. Beaucoup de chaises dans cet espace étroit, sans corps pour les occuper. À l’avant, à gauche un cendrier sur pieds arbore son sourire illuminé : l’illustration d’une cigarette qui le désigne.
    L’homme en bonnet avance, mains dans les poches. Il est maigre, son épaule gauche remonte, déséquilibrant le corps. Son gilet noir en laine semble ainsi plus long du côté opposé. Le coin de sa bouche redressée vers le haut aussi, du même côté que le bras qui remonte ; moue qui creuse sa joue, sculpte le visage au gré de ses rides longues. Il avance d’un pas régulier et déterminé comme porté par un dessein de lui seul connu. Et quand il approche, semblant sortir du champ, il fait demi-tour, trace une ligne perpendiculaire à son arrivée, puis repart dans l’autre sens, poursuit sans interruption sa marche en direction inverse, vers la grille de fond. De ce même pas résolu, malgré l’impasse du panneau de fer au bout. Demi-tour à nouveau. Puis revient vers la caméra. 1, 2, 3, 4, 5, 6,… pas. Dix pas à chaque trajet. Demi-tour à nouveau. Trois pas à chaque volte-face. Par moment, le regard de l’homme, comme celui du jeune homme de l’autre plan, croise la caméra, à peine perceptible. Impossible d’affirmer qu’il sourit.

  • se relier sans se renier. (04)

  • se relier sans se renier. (03)

  • se relier sans se renier. (02)

  • se relier sans se renier. (01)

  • Marc Jahjah (2)

    L’écriture de soi “en ligne” : une pratique automédiale.

    lire l’intégralité de l’article sur le blog de Marc Jahjah à qui je renouvelle mes remerciements pour ses analyses.


    Extrait : « (…) J’aimerais finir ce billet avec quelques pistes seulement, en m’appuyant sur le travail d’une amie et poétesse, qui pratique l’écriture (multimodale, audiovisuelle, dispositive) sur le web : Gracia Bejjani. L’auteure a d’abord une pratique automédiale dont on peut régulièrement trouver des marqueurs sur son “mur”, comme en témoigne sa série sur les souvenirs proposés par Facebook

    Le premier exemple dénie à Facebook son droit à qualifier nos propres expériences et notamment sa prétention architextuelle (c’est-à-dire d’écriture de nos écritures), en interrogeant son geste technique. En pointant du doigt un processus indexical, qui assigne nos énoncés à un temps et un espace donnés, l’auteure pose implicitement une question : si “ceci” n’est pas un souvenir, qu’est-ce donc ? Le deuxième exemple est une resignification : elle repose sur l’interpellation (“Il y a 2 ans ?”), qui introduit du doute dans un processus banalisé, puis sur la réaffirmation d’une énonciation propre, en écho au premier énoncé(…) »
    ….

    >> lire également les autres articles de Marc Jahjah
    Portraits de formes littéraires (1) la règle et l’attente
    Formes littéraires sur le web (3) présence de l’élégie

  • ce qui demeure. (vidéo).

    Extrait : (…)visage demeure et yeux éclaboussés
    ce qui demeure du tendre alphabet d’avant
    déraison
    je traverse le temps creusé et blanc
    poreuse aux rafales floues
    mes souvenirs brunis
    aveux qui tanguent, l’abandon
    je suis née de cette ville éparse(…)
    #LittéraTube #VidéoEcriture

    trajet de taxi, aéroport maison.

    le texte de cette vidéo est également à lire ici:
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  • ton cri par vague lune.

  • j’ai lâché ma peau. (vidéo).

    Extrait : (…) »j’ai laissé tomber ma peau, ses haleines
    comme glissent les vêtements un soir de fatigue
    j’ai abandonné le cœur, ses vagues sonores
    le souffle qui voyage entre les os
    j’ai brésillé les os et leurs tendons
    chuintement des atomes qui pulsent verbe » (…)
    #LittéraTube #VidéoEcriture

    le texte de cette vidéo est également à lire ici:
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  • peau hâte mes larmes.

    vous claquez en moi
    élans et pays
    et minutes comme poings au bout des cils
    mes paupières à l’écran
    ritournelles de drapeau, j’aime qu’arbre enlace le centre
    foule, chants ; des prières
    hymne et moi coi de mots rompus
    me précipite autre, trop d’émoi
    la peau hâte mes larmes
    une vie de loin, à trembler
    vos pouls en sourdine
    je ne décolle ni traverse
    je suis votre odeur, votre fille
    pourquoi écrire encore ce Liban ?
    n’est-il temps de tourner la page ?
    crétine injonction, nous sommes le livre
    pages comme nerfs s’accrochent
    vos ombres, mon corps
    une vie de loin tenaillée
    sans la mansuétude du j’appartiens toute
    je suis l’inconsolée, enfiévrée. Loin

    la vidéo réalisée avec ce texte est également visible ici:

    https://graciabejjani.fr/2019/10/20/peau-hate-mes-larmes-video/
  • tu te demandes si dieu, voilà ma réponse.

    philOrdinaire (3)

  • mouvivre

    – tu sais vivre en même temps
    – sinon je meurs

    philOrdinaire (2)

  • je te mâche terre. (vidéo).

    Extrait : « pays-nuit
    je m’enroule dans tes peaux
    tes bras dans mon dos
    poids et refuge » (…)
    #LittéraTube #VidéoEcriture

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  • en langue gutturale. (vidéo).

    Extrait : (…) Regards aux odeurs perlées
    Quand nature sue
    Le réel immune résiste aux doigts pugnaces des mots
    Monticules de paroles tues en bouche
    Je me rejoins quand j’aime en langue gutturale (…)
    #LittéraTube #VidéoEcriture

    le texte de cette vidéo est également à lire ici:
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  • injonction de nos temps.

    pendant ce temps-là sur facebook

  • passé poudreux. (vidéo).

    Extrait : (…) Mes bras, asiles de sang humain, comme étreinte Malentendus syllabiques qui s’écrivent
    Sans mes bras, je sombrerais
    paysage nu d’une pluie élastique (…)
    #LittéraTube #VidéoEcriture

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  • autofictiographie (3), en creux. (vidéo).

    Extrait : (…) je m’émerveille toujours du déclic des interrupteurs : lumière!
    foudre, éclairs et je redeviens toute petite
    tonne le corps aussi, entre fascination et terreur
    je n’ai pas d’imagination, je cambriole mes rêves
    accro au café.(…)
    #LittéraTube #VidéoEcriture

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  • à vif. (vidéo).

    Extrait : (…) Achrafieh. A. Aleph. Au commencement était Achrafieh. Avant d’épeler le pays, c’est le nom du quartier qui a marqué tes origines. Sans te douter que la question de l’origine hantera ta vie.(…)
    #LittéraTube #VidéoEcriture

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  • édifices. (vidéo).

    Extrait : (…) ce qu’on n’envisage pas
    de l’ombre nous basculera
    on se redressera du sol
    on s’exposera, fragments de hasard
    l’essentiel sera discret
    niché aux interstices
    nos gestes hiéroglyphes
    palimpsestes utopies (…)
    #LittéraTube #VidéoEcriture

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  • écrire, ombrer le réel (10)(vidéo).

    (…) la langue envahit, sans l’épreuve de soi
    et broie sous ses lettres canines
    l’instant et ses embarras
    écrire et résister à la jouissance
    bander la beauté immédiate (…)

    #LittéraTube #VidéoEcriture

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  • comme enfant je fuis. (vidéo).

    Extrait : (…) je fuis comme enfant se précipite, sans ennemi désigné
    poursuivi par la fixité des horizons
    leur inexistence azurée
    courir suffit à arrêter le monde
    je fuis comme enfant vos peurs oxymores(…)
    #LittéraTube #VidéoEcriture

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  • exils de table.

    « chez toi, les meubles ont des pieds », ta mère aime se faire taquiner, les pieds qui bougent, c’est elle, sa manie de remodeler les pièces de l’appartement. Plusieurs fois par an, lieux se transforment, identiques déplacés, différemment assemblés. L’espace se fabrique dans le mouvement des objets. Ça circule, ça vit, vous déménage sans changer d’appartement. Les meubles ont des pieds à dégourdir.
    Seule la table de la salle à manger résiste, enracinée au sol, en centre de pièce. Longue, massive, évidente. Table à manger et c’est famille autour. Table, y poser les coudes. Ne pas. Table à dresser, assiettes et couverts t’applaudissent de leur cliquetis sonore en se laissant déposer. Tes bras, fiers d’être utiles. Tu en profites pour répéter la différence gauche/droite en secouant la main qui écrit, comme pour gronder les absents. 
    Table à manger ordonne l’espace, rythme le temps. Aléatoires repas en semaine. Puis le déjeuner des dimanches, sacré. Table et places autour, comme cartes distribuées. Toi ici, quelle sera ta place dans le monde, dans la vie à venir. Tu testes parfois la chaise qui trône au bout, usurper l’identité de ta mère. Table à manger c’est famille, répétitions de gestes, repères et sursauts quand un étranger s’assoit à la place du frère, intrus à ta gauche. Saugrenu désarroi d’abandon fraternel ; tu sais qu’il n’en est rien, simple hasard de tablée.

    La table te remâche en mille images, originaire kaléidoscope des mêmes fixations : trajet entre la porte de ta chambre et la salle à manger. Le corps à la loupe de tes petits pas timides vers vos invités. Tu n’as pas pu sortir avant, assise par terre pour tu ne sais quelle attente. Quelques minutes, pas tout à fait prête, tu mens un peu, tu es habillée il suffirait d’y aller. Tu repousses comme toujours le moment, tu pries qu’il suffise de reporter pour que ça s’annule. Tu retardes ; c’est pire, ils sont arrivés, installés. Oncles, tantes, enfants. Tu seras visible du seuil ouvert sur ton corps en brindilles. Les rejoindre, marcher, un savoir que tu perds quand il s’agit d’arriver parmi eux déjà regroupés, bruyants comme les moments de récréation où tu joues à isoler les voix connues.
    Tu te promets d’anticiper au suivant, t’installer avant leur arrivée. Tu te feras chaise de salle à manger, te feras bois pour être aussi peu exposée que meubles de présence. Petits pas, c’est timide comme honte, honte de tout toi, cheveux robe et chaussures blanches comme faute. Honte toujours. Et la table à manger, témoin.

    Tu passes d’un superlatif à l’autre. Leurs mots regardent ta mère pour s’assurer de l’effet, elle a poussé, tu te sens fière et bête, quel mérite à grandir. Un pied puis l’autre sans trébucher, tu avances en équilibriste, scrutée et ignorée par mêmes pupilles comme des questions qui ne viennent pas. Sans savoir que faire des yeux, de l’absence. Tu flottes, allure du trop visible, objet de l’imperceptible. Pourquoi si timide, qu’elle vienne ici que je l’embrasse. Isoler les voix qui remontent de la table, elles semblent sortir des plats en couleurs. Trop de nourriture, trop de voix, trop de toi en simples dîners de famille. Salle à manger, un espace de normalité, mais vous vous exagérez, mis en exergue.
    Il suffirait de traverser ces voix, de trouver une chaise, te perdre parmi eux. Ta place comme toujours après tu la chercheras. Mains accrochées à la solidité de la table qui vous réunit toujours. Vous réunit et vous sépare, table comme frontières et tu t’amuses à faire des prénoms des républiques, les nommer pays pour oublier qu’oncle et tante, puis imaginer des guerres, avec les couverts pour armes.

    La table à manger sera rapatriée après moins d’un an d’exil. Elle vous suivra, listée parmi les indispensables à récupérer de l’appartement de ton enfance. Vous aviez fermé la porte ce matin-là pour un déjeuner de famille sans vous douter qu’il ne vous sera plus possible d’y retourner, sans vous être préparés à cet arrachement. Notre maison, tu disais, «appartement» t’aurait tenue à distance. La table de la salle à manger et ses dix chaises, ta mère établit de mémoire les listes, ton père se charge du retour parmi vous de ces objets estimés importants. Chaque mot consigné signe douloureusement le renoncement forcé au véritable retour à l’avant.
    La table occupe autrement l’espace dans ce lieu qui ne t’a pas vu naître. Elle laisse peu de place au passage, sérieuse, efficace. Tu ne te caches plus dessous. Tu ne recherches plus de sécurité dans l’ombre qu’elle crée sous elle. Ce n’est plus ta tente en bois, ta maison secrète.

    Aujourd’hui tu es l’exilée, tu reviens toujours. Les pieds des meubles ne se sont pas assagis, de nouveaux bibelots grimacent çà et là, la table de la salle à manger a conservé son arrogance de roc au centre de l’agitation. Apprêtée de sa belle nappe en dentelles, elle t’épie, placide comme les bras de ta mère. Robuste comme on ne fait plus, elle ne plie ni se brise sous le poids des plats aux couleurs assemblées, telles perles de colliers croisés. Tu reprends place dans vos repas de famille ; pour eux, ils n’ont jamais cessé. Tu rattrapes vos murmures d’antan : ta vie d’exil, longue pause entre deux retours. Tu n’as plus la même honte, persiste la petite gêne à être scrutée a-t-elle maigri, est-elle heureuse, pense-t-elle encore à nous, va-t-elle un jour revenir pour de vrai… Tu te dépêches alors de t’assoir à table : sa masse entre vous te protège de leurs inoffensifs regards. Temps, distance et tu peines à voir la peau de leurs visages, une main d’irréel recouvre leurs traits, poussière emplâtrée. Tu te tiens comme si la continuité n’était pas criblée d’absence. Flottes sourde, tétanisée de voir vieillir mère et père. Tu presses ton corps contre la table, soubassement de pérennité.

  • calciner ta présence. (vidéo).

    Extrait : (…) on est le réel, ce soi hagard au monde
    tu métallises l’alentour, me ferres
    féroce douceur que ton hasard, pourquoi toi ?
    j’écharpe pitoyables mots pour calciner ta présence (…)
    #LittéraTube #VidéoEcriture

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  • je me demande pardon. (vidéo).


    Extrait: « (…) je me hante, ramassée poings
    l’obscurité emplit la gorge
    le remords me désigne
    demain me répète, monologue
    je me repentis devant mes doigts
    vertèbres heurtées et peau peur (…) »
    #LittéraTube #VidéoEcriture

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  • lactescence de chants impromptus. (vidéo).


    Extrait: « (…) instants effrités d’yeux que je redoute
    douleur de mère fracasse le monde
    chuchotis de peaux
    ses brumes enfouies, doigts dents
    l’inconsolable
    mère, dette des entrailles. (…) »
    #LittéraTube #VidéoEcriture

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  • stalactites de guerres passées. (vidéo).


    Extrait: « (…) je n’ai pas mal
    je sèche
    nerfs de douleur
    elle campe corps
    elle prend, absolue
    l’esprit méandres sur pupilles de pierre
    je pèse, paralysie de bêtes (…) »
    #LittéraTube #VidéoEcriture

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  • dernier cri d’une chair que l’on écrase. (vidéo).


    Extrait: « (…)le corps vide d’un cafard
    l’innommable
    le dégoût est le sang que tu ne comprends pas
    déroute de sens
    honte
    le dégoût est honte
    le dégoût est ta honte. (…)  »
    #LittéraTube #VidéoEcriture

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  • autofictiographie (2), la presque gravité. (vidéo).


    Extrait: « Je me frotte bien le crâne sous la douche pour faire circuler le sang partout, aux orteils aussi. Je ne traverse pas au vert, mais au reflux des voitures. J’ai connu le pouls de la guerre, ses fracas, ses silences, démence. Je me parle doux ou sévère, comme à l’enfant que je n’ai pas eue. J’aime être écrasée, vivre le poids des autres dans mon corps. Être touchée du visage, insupportable intimité. Il me suffit de te dire mon prénom (…)  »
    #LittéraTube #VidéoEcriture

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  • ce qui frétille effervesce pétille vivifie euphorise est-il encore de mise dans un monde en morceaux ? devons-nous nous sentir coupables de nos rires ?

    avec Pascal Perrot

    texte de Pascal Perrot, extrait de son recueil « Une brèche dans la tapisserie des ombres » – parution 2019 aux Éditions du Cygne
    https://www.editionsducygne.com/editions-du-cygne-breche-tapisserie-ombres.html

  • matin, vacarme de mondes ralentis. (vidéo).


    Extrait: « matin, vacarme de mondes ralentis
    égrène ses secondes d’à peine
    je m’écarte, émaillée de ciel
    ses nuées, ses ruelles vaporeuses
    me défais, spacieuse chair
    odorante fatigue égarée des nuits, des ratures
    je me rends, velours et porcelaine
    tressauts de fantômes dans les nerfs
    à leur langue de verrous m’abandonne (…)  »
    #LittéraTube #VidéoEcriture

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  • pouvoir parfois m’adosser.

  • pays-corps, Liban.

    Je le disais terre, pays chair. Pays corps. Le pays mon corps, sa soif. Les plages de ses cieux nous scellent, récits ; mots comme malléables semelles. Paroles traversées de spasmes, d’insectes, d’horizons. Sur des peaux qui tressaillent d’ombres enfouies. Toujours je reviens, comme histoires aux enfants.

    Pays corps. Douces fureurs. Aussi douloureuses que résonance de joie. Comme corps, mon impossible à penser ; inspirant, volubile si j’écoute. Pays corps, je m’en distrais. Houles de présence pourtant. Je ne pense pas mon sang, mon pouls, on se vit. Je commence où, quand ça s’arrête ; questions comme vents, me bousculent vertiges.

    Comme mon corps, je manque le pays. Le confie à d’autres mains, leur essaim. Sanglé à distance, spectacle familier et je perds sa matière. Mon corps territoire gothique, il me cacherait ses misères, finirait par me consumer, comme si lui moi. Mais le soin.

    Comme mon corps, le pays, l’invisible à mes yeux ; moins je l’éprouve plus il saille, démesure. Comme corps, le cri aphone des lassitudes retenues. Cri qui me fuit, abstraction que j’habite. M’éclipse. Et nous. L’absolu à reculons, sourd à nos bruissements, au lyrisme affluant de nos soleils.

    Pays m’affole, j’hallucine sa perfection, le sais écorchures, mosaïque de paradoxes. Comme corps. Indécences et splendeurs. Pays-corps d’étonnante vitalité. Ploie, nappes d’impuissance, d’amours pliés dignes. Rebelle palimpseste de cellules étrangères, de peaux emmêlées. Mon lien au pays, épars silences. Tablées de dimanches, agoras indisciplinées. Pays de rage de frissons, aussi secret que boyaux, que veines, aussi énigmatique que mes os. Essentiel.

    Je retourne au pays comme je me touche des fois, bras, ventre, cérémonie d’émotions. Harassée, puissante de fièvre indicible. Je retourne me consoler de mystères ordinaires. Odeurs de rues, montagne qui se fait ciel au tournant d’une route. L’école de mes années adolescentes… Je touche ma peau, corps remonte larmes, comme vie passée au pays, dans le dépouillement qui soulève ses vagues évasives. Méditerranée, si étale. Opaques eaux de mon pays corps.

    #liban #lebanon #لبنان_ينتفض

  • pierre me fixe, pleine lune.

  • la lune, l’absolue.

  • on vieillit des mains.


    Extrait: « (…) nostalgie de poigne
    lui manque de gifler le trop d’amour sur ses joues
    mais à peine si bougent les doigts
    pianote pour vérifier, se vérifier encore là
    je suis je moi moi… elle ne sait pas
    désarroi dans les yeux de trop d’incertitude (…) »
    #LittéraTube #VidéoEcriture

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  • floue lune sue.

  • sacrifier douce mort. (vidéo).


    Extrait : « la mère parle
    rire qui chaloupe
    couleurs de pilules
    machine à respirer (…) »
    #LittéraTube #VidéoEcriture

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  • immobilité verticale.

    Ton chant me fouaille, notes de peu 
    Ta nuit monte en moi 
    Crampes de sang 
    J’arpente tes longs silences 
    Tu es énigme, sens. 

    Tu es filigranes d’orage 
    Cécité de corps 
    Dans l’air effilé, liquide 
    La terre bouge, gorge obstruée 
    Tu es bonheur de bouche. 

    Le vent te ressasse, si j’écoute 
    Tu es ondes, frétillements étales 
    Ça bruisse dans lourdes veines 
    Éther de caresses charnues 
    Tu es immobilité verticale, amnésie. 

    Tu as lézardé les mots, geste de ténèbres 
    Couleurs martelées s’érigent en creux 
    Gangue de douleurs 
    Mâchoire en lacune de compassion 
    Ton éclipse assourdit l’âme. 

    Séparée de toi, je vis sevrée de grâce 
    Te balbutie sans rédemption, mon errance 
    Tu es dehors, scansion ; corps te manque 
    J’ai tout oublié ; et le lien 
    À ta permanence sanglée.

    la vidéo réalisée avec ce texte est également visible ici:

    https://graciabejjani.fr/2019/10/27/immobilite-verticale-video/