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je vous écris.
Monsieur le Président,
Je vous écris, geste ridicule. Je vous écris, comme désespoir se sait et reste. Ma main pathétique. Je vous écris, fou comme le réel. Ce Liban. Oui, ce pays à nouveau et l’intranquillité de toujours. Drame d’aujourd’hui. Écrire « drame » et chercher aussitôt synonyme plus radical qui rejoindrait la démence de ce réel. Dire l’apocalypse aujourd’hui. L’écrire, écrasée par la grandiloquence de ce mot, moi qui aime le langage humble mais ce n’est plus lieu d’esthétique, l’asphyxie est dans la chair, dans les os.
Je vous écris et c’est déjà vanité. Vous connaissez mieux que moi mon pays. J’ai cessé de le comprendre dans le confort d’ici, l’ai-je jamais compris ? Je l’ai quitté à 20 ans pour éviter ses opacités, l’ai-je jamais quitté ? Je ne comprends pas mon Liban. Idiote ou étrangère. Pour la première fois depuis l’exil, on m’appelle l’expat, la diaspora et je suis aussitôt écartée. En être, sans en être et souffrir à la folie, comme aimer.
Je vous écris, cri de foi, aussi incertain et inouï que la foi. Aussi extravagant que la langue. L’indicible, mots marteaux pour tailler ses ombres horrifiques. Certains moqueraient ma lettre, attendris ou méprisants comme devant les petits qui se raccrochent au Père Noël, les lettres qu’ils leur adresse. Oui je vous écris de cette place, de l’enfance jamais désavouée, notre part vitale. Je ne vous parlerai pas politique, ni sempiternelle complexité du Moyen-Orient. J’éviterai ces discours qui recouvrent le quotidien, somment de penser pour ne pas ressentir. Je vous écris pour donner à voir, par la puissance du verbe et son absolution. Parce qu’il s’agirait d’éprouver sans mot, poser pleines pupilles le quotidien de ces humains. Taire tout commentaire, toute analyse, pour regarder juste. S’arrêter devant ces instants vécus, les dérouler, ne pas détourner les yeux malgré la stupeur, le désarroi.
Quand je regarde, si je vois, j’implose. Esprit, corps explosés comme Beyrouth ce 4 août. Essence pulvérisée. Alors ils retentent de m’expliquer et je redeviens l’enfant que j’ai été dans les abris en temps de guerre, à guetter le sursaut des yeux des adultes pour à nouveau toucher le sens, le salut. Me laisser traverser par la grâce. Je l’ai retrouvée quand vous vous êtes rendus au Liban après le 4 août. Le fol enthousiasme que vous avez insufflé, l’Histoire pouvait reprendre, le récit retrouvait de nouvelles voies. Je me souviens des paroles de ma mère « Tu as un président magique, ma chérie. C’est vrai que tu es partie, mais quand on a eu notre catastrophe, ton président est venu nous rendre l’espoir ». Fière que sa fille soit française, parce que vous, son Président. D’être aujourd’hui félicitée par elle qui n’a jamais accepté mon exil, parce que vous avez pris cette parole, ces actes. Mais depuis ? Le 4 août enfoui sous le silence des Nations. Et plus tard, mes mots vers vous depuis longtemps seront retombés. Ni vous ni moi dans ce futur désignant notre responsabilité collective, d’avoir assisté sans assistance à l’atroce agonie de nos humains.
Vous connaissez mieux que moi les enjeux géopolitiques, les jeux internationaux, les stratégies imaginées ou effectives. Mais avez-vous au creux du ventre ces visions d’avant//maintenant ? Avez-vous dans la poitrine les souffles croisés de ces temporalités. Les bruits, avant//maintenant, ce que ça fait quand ça résonne dans le corps, éclate dans le sang ? Je ne comprends pas mon pays natal mais j’en garde images, odeurs, sons… et je vacille dans l’avant//maintenant. Et l’après ? Demain ? Panique d’impuissance. Me retourner vers vous, geste naïf, sans attente précise mais comme l’appel ultime, l’espérance malgré tout parce qu’il est impossible de penser l’après qui se profile.
Si l’humanité en 2022 n’est pas aussi monde de droits et de dignité humaine, à quoi aurait servi l’évolution ? Nos inventions prodigieuses ? Peut-on laisser mourir un peuple de faim, mourir de honte, mourir sans soins, mourir suicidé, mourir de larmes, mourir de deuil, mourir d’injustice, mourir d’impuissance, mourir d’arrachement, mourir de solitude. Mourir à compte-gouttes comme tortures banalisées, lente mort des condamnés. Mais condamnés par quelles lois ?
Parce que j’ai appris la nécessité des lois dans le pays d’où je vous écris. Je vous écris entre deux pays, avec mon illusion de dignité, je ne subis pas leur quotidien. Mais comment rester digne si je regarde pétrifiée l’effondrement des miens. Je vous écris avec l’idiote fierté d’avoir un jour choisi d’être Française, sans cesser de me vivre aussi Libanaise, comme possession à mon insu. Comment rester fière quand mes miens sont humiliés, sans réaction possible. Je vous écris au nom de valeurs partagées que j’ai intégrées en devenant Française. Je vous écris pour avoir goûté en France à la douce ivresse de la sécurité. L’état, les institutions, les droits mais aussi les devoirs.
J’ai pleuré le jour de ma naturalisation, les mots qui ont porté le document officiel jusqu’à moi avaient la densité des promesses qui seront tenues, ici. Droits, devoirs, civisme. Pleuré de gratitude, pleuré d’avoir des droits, des devoirs. Du contraste entre mes deux pays, de ce que nos jeunes ne connaîtront pas, pour être nés de l’autre côté de la mer. Aujourd’hui les larmes sont de pierre, d’acier. J’aurais honte de pleurer, honte de cette eau sur les joues, ce sel qui réconforte. Je n’ai pas le droit à la mélancolie. Nous sommes au-delà de la tristesse, de la colère, de toute émotion qui trouverait étiquette. Je les retiens toutes ; ne pas vaciller, serrer les dents et écouter. Aujourd’hui, je regarde sans arriver à joindre le visible à l’assimilation de ce visible.
Demander de l’aide ne nous pose pas en victimes, mais devant la seule réalité irréfutable, notre abjecte impuissance sans le secours extérieur aujourd’hui. Demander de l’aide ne dénonce pas de coupables. Oui nous sommes aussi responsables, et surtout de nos élus comme vous aviez répondu. Tous responsables. Je vous écris, geste fou, main puérile. M’insurge contre tous discours qui désignent tel ou tel pays de notre malheur, s’il ne nous joint pas aux assises. Nous sommes responsables mais de quoi serions-nous autant coupables ? Le châtiment est féroce, je vous écris, vous implore de regarder. De revenir nous rendre l’espoir. La dignité.
La mise en actes est aujourd’hui urgente, nous n’avons plus d’espace pour les qualificatifs, les spéculations. Mon peuple se meurt de la pire des morts, l’anéantissement ordinaire.
Monsieur le Président, je vous remercie de me lire.
également paru dans ici Beyrouth :
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l’enfant que je n’ai pas eue
De ses mains impuissantes à exorciser le mal, elle me désigne le lieu du dos, ici, c’est ici. Douleur de ce qui se casse, l’emprise des maladies sans contagion mais je souffre de seulement la toucher comme par contamination électrique. Bruissement de mon amour, petite éternité.
Ce n’est pas de ma faute si j’ai mal. Ma mère, comme l’enfant que je n’ai pas eue. M’implore de ses yeux sans demande, regard étiré d’inquiétude, si grande que vague. Pardon de souffrir … Ma mère s’excuse de souffrir comme l’on porte nos vies, coupables imaginaires. Avec son corps, ce vivant friable, comme proie à ses côtés. Je hais me plaindre, j’ai mal. La douleur est attente, pulsions de nerfs. Spontanée sans naturel, la sensation mordante revient, réglée, fidèle. On voudrait perdre, se tromper. Son retour comme cycle, triste diapason au rythme serré du sang. On la guette, on la verrait, l’immatérielle, tranchante comme signes sans adresse.
Corps serré dans le visage aux joues prunes, yeux qui fixent comme pour contrôler le diable, la douleur est obsession simple, fatigue de matière rigide. Ce n’est pas de ma faute, je ne fais pas exprès. Ma mère comme l’enfant que je n’aurai pas. Sa douleur focalise ma peau, sursauts d’étincelles noires. Je suis incapable d’aide, présence essoufflée de tendresse vaine. Apprendre le désarroi, rêche sans l’ombre des mots. Le corps par morceaux, n’a de repos que somnolence sans détente. Ma mère se raccroche, majestueuse de solitude, de fragilité.
Ici, c’est ici et elle prend ma main pour la guider, comme si de palper les os à leurs endroits précis me permettrait de comprendre sa souffrance, comme de caresser un chat pour créer le lien.
La douleur est rage involontaire, elle plie la parole comme saison oubliée. Tranche le réel, montage factice d’humanité absurde. De terre futile. Le récit se crispe dans les bras, opaque de bouche close. Je ne dirai plus, me plains pas.
Maman balbutie sa douleur chaude, ma présence à ses côtés, paupières de paralysie grise. Lien catapulté, comme voix de mélancolie. Il suffit de regarder ses yeux pour voir immobilisés les pleurs d’autres drames. Le dos, les os, la jambe… le mal tournoie, fuit le cœur dans des recoins épuisés.
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Ton père a froid.
Ton père a froid La voix de ma mère murmure, simple, familière. Se mêle aux paroles du prêtre. À la messe, je suis l’enfant perdue dans les langues sages, j’écoute pour ne pas ressentir, engourdie de flottement sonore, prétexte à rêverie sérieuse. Je t’ai touché après une vie à éviter la présence. J’ai caressé ton front, ta joue. L’amour de ma main sur ta peau. Oser ton visage endormi. Garder de toi l’image de ta peau gelée sous mes doigts inutiles, tu ne les sentiras pas. Ton père a froid, elle répète. Je n’ai pas répondu. Mon père est froid, il est glacé. (extrait)
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ton père a froid
Ton père a froid
La voix de ma mère murmure, simple, familière. Se mêle aux paroles du prêtre. À la messe, je suis l’enfant perdue dans les langues sages, j’écoute pour ne pas ressentir, engourdie de flottement sonore, prétexte à rêverie sérieuse.
Je t’ai touché après une vie à éviter la présence. J’ai caressé ton front, ta joue. L’amour de ma main sur ta peau. Oser ton visage endormi. Garder de toi l’image de ta peau gelée sous mes doigts inutiles, tu ne les sentiras pas.
Ton père a froid, elle répète. Je n’ai pas répondu. Mon père est froid, il est glacé. Je n’ai pas corrigé. Mais les mains de ma mère se raccrochent au bois pour éviter à son corps de tomber, comme glisserait du banc un vêtement léger. Je prends sa main froide, je peux réchauffer son sang. Ses doigts entre les miens ne se résignent pas, tiède vie lui revient à nouveau. Je me colle à ses côtes de perte. Qui pour réconforter l’autre du vide ?
Ton père a froid, par quelle fatigue ses mots agissent d’autres réels : mon père comme nu, il suffirait d’une laine. Mon père-âme dans son corps devenu forme longue, comme l’élan. Matière d’âme que sa chair nouvelle.
Autel de fleurs blanches ; ne pas voir les lèvres du prêtre, les phrases sans lèvres comme bercements de musique. Mêmes corbeilles blanches des cérémonies obscurcies de douleurs. L’humain se répète, habille ses rites de gestes minéraux. Les mêmes, nous sommes aussi nos mêmes.
Le froid de ton front. Peut-on se liquéfier de froid ? Je fonds à mes pieds, entière. Parce que c’est toi. Terribles mouvements que ces bouts de moi qui partent avec toi.
Est-ce que je suis capable d’amour ? Mes bras empêchés, l’immobilité tristesse.
Il a froid, pudique rythme que les mots de ma mère contre l’absence qui s’installe dans le corps enfermé à sa droite, témoin silencieux de sa dernière messe. Il a froid. Elle sait, 65 ans d’existence commune. Elle fixe le prêtre et le redit bouche immobile, comme indication secrète à transmettre sous des yeux ennemis.
a, est, froid. Passage d’être, comme écriture et légende. Je connaissais ce froid sans secours, images rassemblées entre récits et savoir.
Ton corps sera le premier à me dire la mort de face, me pétrifiant avec toi, de ce froid touché. M’éduquer à mourir, comme tu m’as donnée à la vie.
Mon père statue, en être à jamais saisie.également paru dans ici Beyrouth :
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je serai la rime qui agace.
je m’étourdirai de lui
son rire inattendu
promesse
je tournerai autour, comme vertige d’escalier
il sera ma fatigue sans raison
mon calme brun
je parlerai à son absence (extrait)micro journal 252-2022.02.07
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il sera mon idée de l’amour.
on sera montée de longs matins
j’inventerai sa peau à toucher
contre moi, pourtant loin
il sera mon trouble, corps décalé
sang se hâte
il sera mon idée de l’amour
comme récit, je le dirai
éviter vivre, il sera le détour (extrait)micro journal 251-2022.01.31
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j’abuse de mots goudronnés – petits fantômes #10.
et tu reviens, te répètes
dans toujours ma main
ton poids de rien retient mes doigts
battre cœur, je ne t’ai pas entendu
la chaleur du sang dans ma main
je ne t’ai pas retenu
le sang est feu (extrait)#LittéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 250-2022.01.21
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il aurait fallu te faire araignée.
il aurait fallu ne pas te chercher sur leurs visages
ne pas te figer de regards
il aurait fallu choyer le lien comme sommeil quotidien
corps proches, sans trop, mais rester
te tenir immobile, attendre
comme poussent herbes malgré l’asphalte
ne pas quitter
aurait fallu
ne pas faire l’exilée l’étrangère l’expatriée fille de diaspora
l’enfant prodigue, de toi (extrait)
texte et vidéo : Gracia Bejjani
musique : Stewen Corvezmicro journal 249-2022.01.16
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ta voix, visage de pierres muettes.
ta voix, ma douleur
ta voix est visage de pierres muettes
mon corps te répète,
on vit à deux dans mes veines
toi, moi, le monde
eux dans mes cellules de colère
veille désarticulée
aimer serait prière brutale de larmes (extrait)micro journal 248-2022.01.09
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lui dire l’oubli.
vous n’en parlez jamais
votre maison reculée,
étrangère de silence
le souffle de son ventre
sans vous aux portes des chambres,
d’autres mondes
lui dire l’oubli, j’ai oublié mes formes
perdu l’espace de mes yeux indécis (extrait)micro journal 247-2022.01.07
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écrire par terre #16.
écrire, piétiner la langue
la mettre en pièces
écrire par terre pour déterrer le sens
arracher les mots à la gravité
s’éparpiller comme pensées éclatées
écrire serait tomber par morceaux comme en automne
illisible parfois, nébuleux (extrait)LittéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 246-2022.01.01
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oreilles plus hautes que crânes.
vivre à visage détourné, on le sait
prisonniers de dénis immémoriaux
on n’appartient plus
sauvages fragiles de villes obsédées
on retourne
marcher sur nos terres passées
leur lumière assomme nos yeux (extrait)micro journal 245-2021.12.31
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quand ton histoire te précède.
nos visages, comme murs meurtris
sourires vitrés sur secrets inutiles
nos corps traversés de vide
dehors comme dedans, nous ne sommes contenus
nos identités traînent aux seuils (extrait)micro journal 244-2021.12.28
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portraits vivants • pascal perrot – écrire les murs 4/4
« Improezigraff », je me suis rendu compte après coup que j’étais, à ma connaissance, le seul à faire ça… à la fois de l’impro, de la poésie et du graff.
rencontre avec… pascal perrot autour de l’écriture, épisode 4/4
LittéraTube #VidéoEcriture #portraitportrait
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portraits vivants • pascal perrot – écrire les murs 3/4
« On sous-estime parfois la résistance de la matière. Au début je paniquais quand une craie cassait, puis j’ai compris qu’il y a toujours un moment où la craie casse. Je ramasse les morceaux maintenant, je reprends et avec les bouts de craie, je continue à écrire. »
rencontre avec… pascal perrot autour de l’écriture, épisode 3/4
LittéraTube #VidéoEcriture #portraitportrait
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portraits vivants • pascal perrot – écrire les murs 2/4
« Ça ne se fait pas à votre âge d’écrire sur les murs »… »
rencontre avec… pascal perrot autour de l’écriture, épisode 2/4
LittéraTube #VidéoEcriture #portraitportrait
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portraits vivants • pascal perrot – écrire les murs 1/4
« Cinq minutes avant, j’ignore totalement ce que je vais écrire, c’est souvent le mur qui m’appelle… »
rencontre avec… pascal perrot autour de l’écriture, épisode 1/4
LittéraTube #VidéoEcriture #portraitportrait
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me dire que je n’arrive pas nue.
terre mer, même surgissement
mêmes nuages comme pierres de feu
même sentiment vague
frappe en moi, à l’approche du sol
mêmes torrents de lumière précèdent les yeux
je reviens froissée d’images
mêmes immeubles se précisent,
debout comme troncs coupés (extrait)micro journal 243-2021.12.25
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il sera mon seuil, ma fuite.
il me sera lieu
je me tairai dans son silence
il écoutera ma langue familière
sans comprendre, il sera pris
le silence à ses côtés, comme destination immobile
près de lui, je connaîtrai le temps
ses secondes verticales
le temps, dans l’ampleur de ce silence (extrait)micro journal 242-2021.12.23
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1. 2. 3. terre.
1. 2. 3. terre
tu veux arrêter le monde, pieds d’enfants
poser tes os au sol, comme armes vides
bras immobilisés, 1. 2. 3.
comme s’il suffisait de s’arrêter pour stopper la vie
ta peau traversée de sermons, ta peau fatigue (extrait)micro journal 241-2021.12.19
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nos vies d’instants froissés.
ni la vie ni la mort
comme lignes d’alphabet
la langue est étroite,
ses mots suspendus me regardent
syllabes pauvres
je capitule, geste de poignet clos
de ciel tombé à terre
tes yeux comme chaise vide (extrait)micro journal 240-2021.12.18
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Décharge n°192 & WAM n°4 (décembre 2021)
joie d’être publiée dans
• Décharge avec plusieurs extraits de mon recueil Fureur de Seuils
• WAM (nouveau noir-beau), avec une sélection de poèmes
Merci aux deux éditeurs et merci à Milène Tournier pour sa préface de mes textes dans Décharge

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je ferai peau de ses mots.
ses joues me seront paumes
pour ses yeux, ma douceur liquide
je ne le toucherai pas des mains
l’écoute, comme attente
intime distant
je serai sa volte-face, sa stupeur ordinaire
il sera mon miracle animal (extrait)micro journal 239-2021.12.09
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je serai choses distraites.
je tomberai comme neige
comme silence
tomber de vents soulevée
telle la chute allège
je m’oublierai
morceau d’ombre sans poids
je serai passivité d’objet
cage de ventres ouverts
ni sens, ni révolte
comme d’emmurer le vide (extrait)#LittéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 238-2021.12.05
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j’aurai l’amour des tables.
me faire objet
comme objet, arrêter le sang
arrêter ma main
le mouvement des os
nerfs sans trembler
une table par exemple,
je serai comme table
grincerai, ça ne sera pas douleur (extrait)#LittéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 237-2021.11.29
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portraits vivants • marine riguet – écrire 4/4
« parler c’est aimer aussi… »
rencontre avec… marine riguet autour de l’écriture, épisode 4/4
LittéraTube #VidéoEcriture #portraitportrait
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portraits vivants • marine riguet – écrire 3/4
« dans nos formes de publication, on est en permanence en contact avec une réception immédiate, directe et visible, exprimée en permanence à travers les réseaux sociaux, les commentaires… »
rencontre avec… marine riguet autour de l’écriture, épisode 3/4
LittéraTube #VidéoEcriture #portraitportrait
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portraits vivants • marine riguet – écrire 2/4
« c’est une mise en dialogue avec tout ce qui nous entoure… on se prend soi-même comme un élément du réel avec lequel on compose »
rencontre avec… marine riguet autour de l’écriture, épisode 2/4
LittéraTube #VidéoEcriture #portraitportrait
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portraits vivants • marine riguet – écrire 1/4
« ce mouvement de vie est tellement entier qu’il est dans l’interaction déjà… la création part toujours de l’interaction »
rencontre avec… marine riguet autour de l’écriture, épisode 1/4
LittéraTube #VidéoEcriture #portraitportrait
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la peur d’un jour ne plus me souvenir.
le téléphone recule le monde
je vois dans cette absence-là
je filme comme aimer à distance,
obsession floue
le téléphone répète,
superpose des pans de réels incertains
il écarte les corps, gestes en relief
je filme, un jour je me tairai (extrait)#LittéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 236-2021.11.20
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j’ai filmé de mes trois yeux aveugles.
j’ai voulu filmer le brouillard,
attraper le rire de ma mère
coffrer ses yeux dans mon corps,
comprendre ce que taisent les visages
filmer, retenir par cœur ses paupières,
friables, saisies par la peau
leur sel, nappe de secrets
j’ai filmé de mes trois yeux aveugles (extrait)#LittéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 235-2021.11.14
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j’ai voulu filmer le brouillard de nuit.
j’ai voulu filmer le brouillard de nuit
son pouls apnée
mon appareil m’a fait face
le brouillard comme silence avale ses flots
égare mes doigts
filmer sa fuite inversée
ses fumées jetées sur moi (extrait)#LittéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 234-2021.11.11
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mes genoux avancent comme instinct.
mes genoux avancent sans moi
tels des visages miniatures
informes butés, ils articulent grincent
mes genoux avancent comme instinct
mon poids m’englue, masse mouillée (extrait)#LittéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 233-2021.11.09
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j’ai cru qu’ensemble nous quitterions le monde. podcast #27
… regard de paume sèche, vous ne pouvez pas serrer ma main
elle supplie, tendue vers vous quand je feins l’ordinaire au bout des bras
gestes inutiles comme prière d’athée
vous ne me toucherez pas… (extrait)podcast #LittéraTube #poésie
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portraits vivants • marie-anaïs guegan – écrire//éphémère 3/3
La vidéo-poésie ? « Quand on écrit un poème, je sais comment je l’entends dans ma tête et souvent quand je l’entends par d’autres personnes c’est chouette, mais ce n’est pas comme ça que je l’entends, la vidéo poésie permet de remettre en place ce rythme-là »
rencontre avec… marie-anaïs guegan autour de l’écriture éphémère, épisode 3
#LittéraTube#VidéoEcriture#portraitportrait
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portraits vivants • marie-anaïs guegan – écrire//éphémère 2/3
écrire éphémère ? « Je n’arrivais plus à écrire puis je me suis mise à écrire des textes sur éphémère en me disant ce n’est pas grave, ça disparaît, j’ai écrit des textes et des textes comme ça et ça a complètement dérouillé quelque chose… »
rencontre avec… marie-anaïs guegan autour de l’écriture éphémère, épisode 2/3
LittéraTube #VidéoEcriture #portraitportrait
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portraits vivants • marie-anaïs guegan – écrire//éphémère 1/3
«Le rapport à l’éphémère ? Ça met en scène d’une façon superlative ce que je vis déjà quand je lis des écritures web…
…L’anonymat ? Il y a une forme de gratuité dans l’écriture, le fait que ce soit anonyme…»
rencontre avec… marie-anaïs guegan autour de l’écriture éphémère, épisode 1/3
LittéraTube #VidéoEcriture #portraitportrait
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nos corps en perte de peaux.
je lui dirai le passé respire dans nos oublis
chaque porte qui claque ouvre les nuits aux couleurs
quelle bombe fuir, tombée où
mêmes questions, absurdes aujourd’hui,
mots tenaces comme la pensée
je lui dirai les bruits nous enfermaient,
les silences comme cieux pesaient sans matière
écrasaient nos corps en perte de peaux, nos os battus de sons
solitude encombrée (extrait)micro journal 232-2021.10.31
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survit on à la honte. podcast #26
survit-on à la honte
à l’opacité des yeux baissés
pierres de paupières provisoires
survit-on aux lèvres serrées
leur voix avare
bruits de peau dans nos cheveux (extrait)podcast #LittéraTube #poésie
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je serai son chahut.
je lui parlerai comme personne
qui parle comme vous aujourd’hui
je dirai des mots qui ne savent pas
j’oserai l’impudeur des enfants
je parlerai comme petite audace
lettres interdites aux frontières des langues
il m’écoutera bruisser entre les lignes
les mots, matière et voix (extrait)micro journal 231-2021.10.24
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austères comme l’amour sans sujet.
sommes-nous encore du nous
dans cette masse qui s’enfonce
nos ombres s’avancent, béton mou
ni bruit ni odeur, ces sursauts de soi
nos ombres, nos échos en terre
nous promenons le temps comme chiens du dimanche (extrait)micro journal 230-2021.10.22



