parution de « j’ai appris à parler sur tes lèvres ».

Joie (grande) de vous dire la parution de « j’ai appris à parler sur tes lèvres », chez La Kainfristanaise. Immense merci Willhy pour ces mots qui portent, pour la confiance de toujours.
Je serais ravie de vous rencontrer au Marché de la Poésie, de partager un moment avec vous à cette occasion samedi et dimanche prochains (stand 503).

Parution le 19 juin, précommande ici, merci!

Présentation par mon éditeur : “Oui, j’écris et vous demande pardon de rester l’enfant d’une guerre. Me taire et l’écrire. Lui tourner autour, comme enfant et mère. “
Ces mots, chèr.e.s ami.e.s kainfristanais.es sont ceux d’une poétesse que nous avons le bonheur de vous présenter. Elle se nomme Gracia.
Gracia Bejjani. Elle a l’écriture chevillée au corps. Son geste tient du verrier. Habile, patiente, elle travaille et remet au métier l’ouvrage, affine le vers jusqu’à l’éclat dépouillé. Comme un désir éprouvé de polir le mot ou d’approcher sa réalité intérieure et nous la restituer.
Avec Gracia, la poésie est un hymne à la vie, à ces liens qui demeurent, même au cœur du chaos. À ces liens dont on s’aperçoit, longtemps après, qu’ils furent noués dès le commencement, dans les premiers éclats de l’enfance. En ce temps où les bras et le visage d’une mère sont le monde. Quand la voix berceuse dessine l’univers infini. La mère revient, ne cesse de traverser le poème. La poète dit à voix basse à sa mère:
“J’ai appris à parler sur tes lèvres, à chercher le sens. À nuancer, à chanter faux aussi, mais juste cœur et plein corps de cette joie que je trouvais dans ton rire. Ton courage, fort et doux. Écrire est devenu mon geste, je te le dois. Je n’ai pas cessé de t’écrire. T’écrire encore aujourd’hui pour tenir ta main, te bercer de voix dans les nuits que je ne connais pas. “
Ce recueil, incessant ressac de souvenirs. Les jours passés viennent s’échouer sur la grève du présent, le bousculent, le hantent parce que le fil n’a jamais été rompu. Gracia Bejjani parle à chacun de vous de ces pays que l’on quitte, mais qui vous suivent parce qu’ils font à jamais partie de vous, de vos paysages intérieurs. De ces blessures qu’on voudrait laisser, mais dont l’écho réplique. Comme s’ils avaient besoin d’être portés à la parole. La guerre, encore elle, la guerre ne cesse jamais car on la retrouve partout où l’on voudrait l’oublier. Dans l’écriture même, elle s’invite. Comme s’il fallait des mots pour donner un nom au chaos. La poésie devient alors la petite lumière qui raconte et éclaire le destin d’une porteuse de frontière. »N’es-tu pas lasse. Il est temps de tourner la page. Comment tourner des pages sans livre ? Sinon l’écrire, m’en acquitter, écrire ce dont on ne parle pas. Je n’attrape que par bribes ces années usées d’oubli. Je m’arrête, retiens mes mots comme corps perdus dans les décombres des villes. On a tous des images de Beyrouth explosé, de Bagdad ou Damas bombardé. Ma vieille guerre n’a d’autre visage que nos têtes tacitement obsédées, que nos mémoires.’
Lisez Gracia, répondez à son invitation dans cet univers où elle nous mène. Peut-être que par ces temps convulsifs nous nous apercevons que “je” n’est pas seulement un “autre”.