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  • 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐥𝐨𝐮𝐫𝐝𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐬𝐞𝐬 𝐨𝐬.

    caisse en bois plus lourde que ses os
    le cireur de chaussures ne marche pas
    il tangue
    comme si l’air était mer et ses bras, rames
    rues de Beyrouth, son macrocosme
    il a toujours été âgé
    comme tatoué des récits de la ville (extrait)

    #LittéraTube​​ #VidéoEcriture​​ #poésie​​

    micro journal 389-2024.05.12

  • 𝗵𝘂𝗶𝘁 𝗲́𝘁𝗮𝗴𝗲𝘀 𝗱𝗲 𝘀𝗼𝘂𝗿𝗶𝗿𝗲𝘀 𝗷𝗲𝘁𝗲́𝘀.

    elle, son sourire comme mur
    la voisine a oublié son sourire à ses lèvres
    huit étages de sourires jetés, perdus
    il dévisage
    ce culot, sourire aux inconnus (extrait)

    #LittéraTube​​ #VidéoEcriture​​ #poésie​​

    micro journal 388-2024.05.05

  • 𝗺𝗮𝗶𝗻 𝗾𝘂𝗶 𝘂𝗻 𝗷𝗼𝘂𝗿 𝗺𝗮𝗻𝗾𝘂𝗲𝗿𝗮.

    l’enfant aux yeux alarmés
    bouche ouverte comme tunnel
    ses mots arrêtés contre dents
    les sanglots ne font pas de bruits
    sidération parmi
    tant de corps (extrait)

    #LittéraTube​​ #VidéoEcriture​​ #poésie​​

    micro journal 387-2024.04.28

  • c’est comme sol déchiré.

    l’exil, cette traque des routes
    terres en fuite d’yeux
    on regarde désormais les fenêtres
    dedans dehors nomades
    légèreté de surface, l’envol rompu
    c’est comme sol déchiré
    équilibre de caillasse
    la peau compacte consent
    abandonne l’hypothèse
    abandonne sa foi (extrait)

    #LittéraTube​​ #VidéoEcriture​​ #poésie​​

    micro journal 386-2024.04.24

  • jamais aimé les chiffres pairs.

    𝗷𝗮𝗺𝗮𝗶𝘀 𝗮𝗶𝗺𝗲́ 𝗹𝗲𝘀 𝗰𝗵𝗶𝗳𝗳𝗿𝗲𝘀 𝗽𝗮𝗶𝗿𝘀
    il m’arrive de voir mes yeux
    les détourne pour me perdre de vue
    de voir la pente de mes pieds
    ils avancent sans moi
    précipités — manquent le temps
    désordre des fuites incertaines
    voir la possibilité de n’être que corps
    sans comprendre la complexité du corps (extrait)

    #LittéraTube​​ #VidéoEcriture​​ #poésie​​

    micro journal 385-2024.04.21

  • qui de moi.

    ce jour où perdant tout
    il ne me reste plus que moi
    de toutes les filles que je fus (extrait)

    #LittéraTube​​ #VidéoEcriture​​ #shorts #poésie​​

    micro journal 384-2024.04.14

  • comment s’appelle votre nom

    comment s’appelle votre nom, elle demande
    mots, mis en abyme

  • comme dépoussiérer un meuble.

    on s’est un jour arrêté sans mourir
    vu l’inertie des mouvements
    encombrés de
    réussites hantées — l’éducation
    ardeur payée en rites
    tant nous ont tapoté l’épaule
    comme l’on dépoussière un meuble (extrait)

    #LittéraTube​​ #VidéoEcriture​​ #poésie​​

    micro journal 383-2024.03.31

  • NRF Gallimard – À quel temps s’écrivent les guerres?

    Fête des mères au Liban aujourd’hui. Et sort (aujourd’hui) en librairie le numéro de la NRF Gallimard « À quel temps s’écrivent les guerres? ». Je suis très honorée et émue de participer* à ce numéro et en si bonne compagnie. Que son jour de diffusion coïncide avec la fête des mères. 𝐻𝑎𝑠𝑎𝑟𝑑 𝑑𝑖𝑡-𝑜𝑛. 𝑀𝑎𝑖𝑠 𝑙𝑒 ℎ𝑎𝑠𝑎𝑟𝑑 𝑛𝑜𝑢𝑠 𝑟𝑒𝑠𝑠𝑒𝑚𝑏𝑙𝑒 répond Bernanos. Me souvenir avoir oublié de l’appeler (parfois), décalage de pays, de perception : retenir une date quand tous jours et tant de textes poursuivent sa voix en moi ? L’écriture, fragments et ellipses, comme le titre de ces poèmes sur notre guerre « vous n’en parlez jamais ». Je ne fais peut-être que ça, en parler. Et t’𝐞́𝐜𝐫𝐢𝐫𝐞 maman.

    *Immense merci à Géraldine Blanc et à Anna Ayanoglou d’avoir permis la rencontre

  • le corps comme obstacle à l’oubli.

    il me suffit me souvenir
    l’oreille contre son ventre
    des histoires envolées — j’écoute
    j’ai écouté son cœur
    fabulé l’infini

    il nous faut
    occuper les chaises d’après
    pousser des portes, marcher
    du temps contre les fenêtres (extrait)

    #LittéraTube​​ #VidéoEcriture​​ #poésie​​

    micro journal 382-2024.03.17

  • mémoire analphabète.

    nous avons le vent, sa caresse liquide
    la hâte au corps — un vœu
    nous avons
    des mots, mémoire analphabète
    ainsi, écrire — désoler le sens
    un rêve prononce la nuit le recul
    quand les doigts endurent l’étreinte
    ne prennent forme narrative
    (nous n’avons pas de langue) (extrait)

    #LittéraTube​​ #VidéoEcriture​​ #poésie​​

    micro journal 381-2024.03.13

  • peau ton corps.

    main réconforte l’autre
    doigts entre doigts prononcés
    décliner ta main
    comme nuage
    — soyeuse
    elle repose accordée
    aux récits patients (extrait)

    #LittéraTube​​ #VidéoEcriture​​ #poésie​​

    micro journal 380-2024.03.03

  • portraits vivants • nathanaëlle quoirez – 7 vidéos

    « L’écriture c’est un accès »
    nathanaëlle quoirez autour de l’écriture, épisode 1/7

    QR code vers la playlist consacrée à Nathanaëlle Quoirez

    Conversations avec Nathanaëlle Quoirez autour de l’écriture et de la foi. Les enregistrements datent de 2 ans et 2 mois, en compagnie de Milène Tournier, alors que Nathanaëlle était en train d’écrire ses Lettres à Madame, livre qui paraîtra (sans qu’elle le sache encore) à l’automne 2023 aux éditions Lurlure. Cette parole, encore d’actualité, nous dit à quel point le propos est juste et incarné. Lire Nathanaëlle permet l’«accès» à une autre dimension, tel qu’elle l’évoque dès le premier épisode de cette série vidéo. Son écriture est exigeante, singulière, tout en tension entre absolu et souffle charnel.
    Le recueil Lettres à Madame est immense, merveilleux… pour vous le procurer, c’est par ici : https://lurlure.net/lettres-madame

    épisode 1/7 :    • portraits vivants • nathanaëlle quoir…  
    épisode 2/7 :    • portraits vivants • nathanaëlle quoir…  
    épisode 3/7 :    • portraits vivants • nathanaëlle quoir…  
    épisode 4/7 :    • portraits vivants • nathanaëlle quoir…  
    épisode 5/7 :    • portraits vivants • nathanaëlle quoir…  
    épisode 6/7 :    • portraits vivants • nathanaëlle quoir…  
    épisode 7/7 :    • portraits vivants • nathanaëlle quoir…  

    la première série d’entretiens avec nathanaëlle quoirez est visible ici :
       • portraits vivants – nathanaëlle quoir…  
       • portraits vivants – nathanaëlle quoir…  

    « Être à la hauteur de la main qui te tient »
    nathanaëlle quoirez autour de l’écriture, épisode 2/7

    « Sa propre insuffisance, c’est ça qui fait trembler »
    nathanaëlle quoirez autour de l’écriture, épisode 3/7

    « C’est comme si la foi et l’écriture permettaient de s’adresser »
    nathanaëlle quoirez autour de l’écriture, épisode 4/7

    « Avoir cette capacité à exister dans ton quotidien »
    nathanaëlle quoirez autour de l’écriture, épisode 5/7

    « J’ai pas découvert Dieu, j’ai pas découvert l’écriture »
    nathanaëlle quoirez autour de l’écriture, épisode 6/7

    « Comme tu en manques tu crèves de faim »
    nathanaëlle quoirez autour de l’écriture, épisode 7/7

    LittéraTube #VidéoEcriture #portrait

    portrait

  • le lointain autrement.

    j’écris | m’oblige — touche langue des doigts
    marcher retarder les ponctuations
    textes en blanc / le manque
    ce peu, comme caillou fait monde
    chant inattendu quand le pardon mendie (extrait)

    #LittéraTube​​ #VidéoEcriture​​ #poésie​​

    micro journal 379-2024.02.25

  • mon visage rendu masque.

    je rêve aussi

    habiller ma peau de traits définitifs
    je ne retrouverai pas mon visage
    confié aux pointes encrées du stylet
    une tatoueuse inconnue
    me fabriquera autre surface, à la main
    indélébile (extrait)

    #LittéraTube​​ #VidéoEcriture​​ #poésie​​

    micro journal 378-2024.02.11

  • j’ai ta saveur sur mes doigts.

    ta joue — intimité visible
    vulnérable entre mes mains

    j’ai ta saveur sur mes doigts
    silencieuse ma peau
    bruit de pas au cœur

    tu me vois de près, étrangère
    présence inattendue qui te brusque
    ton rire quitte déjà (extrait)

    Images tournées en novembre 2023, au Klein Seminarie de Roulers (Belgique)

    #LittéraTube​​ #VidéoEcriture​​ #poésie​​

    micro journal 377-2024.01.28

  • autofictiographie #12, mes cailloux de nerfs.

    sans l’illusion, je trahirais le désir
    l’arrêterais avant son récit
    avant l’enthousiasme
    — comme de vivre sans voix brute (extrait)

    #LittéraTube​​​ #VidéoEcriture​​​ #poésie​​​ #écrire​​

    micro journal 376-2024.01.21

  • soupçon d’une guerre jamais terminée.

    votre guerre, il me dit
    je lui raconterai la mer foudroyée
    devenue terre — étendue de corps sans demeure
    nos morts de sel emmurés
    dire leurs odeurs acides
    l’eau comme cendre
    petites vagues de Méditerranée, sur scènes ensevelies
    je lui parlerai du soleil
    impartial (extrait)

    #LittéraTube​​ #VidéoEcriture​​ #poésie​​ #liban

    micro journal 375-2024.01.14

  • Anthologie de poésie – Le Castor Astral 2024

    Immense merci à Jean-Yves Reuzeau et aux éditions Astral Castor ! Hâte de lire ces voix que j’aime (je ne les cite pas mais) et avec qui je partage quelques textes dans cette magnifique anthologie réalisée pour le Printemps des Poètes 2024.

  • Décharge n°200

    Il y a un an, j’écrivais mon épitaphe dans le dernier numéro de WAM. Cette année 2023 se clôt également sur des textes parus dans un « dernier numéro », Décharge 200, sur le thème accordé au « geste » éditorial : Et comment ça se joue, à la fin ?
    Alors oui immense joie d’en être, mais grande grande tristesse de voir s’arrêter une si merveilleuse revue « Décharge », portée notamment par le magnifique travail de Claude Vercey que je remercie, remercie… pour ce chemin partagé !

  • Revue Cabaret n°48

    grand grand merci à Aline Recoura pour la publication de quelques haïkus dans la revue Cabaret).

  • tiens ta parole, trompe-moi.

    tiens ta parole, trompe-moi
    j’entends l’apparence
    l’haleine ambiguë des pensées
    ne me dis pas ton vrai
    nous ne partageons pas de réels
    rongés d’une langue par crâne
    de mots accrochés au hasard
    je veux cette vérité-là, inachevée, incertaine
    des mensonges plus justes que preuves (extrait)

    version raccourcie du texte écrit pour le festival international de poésie de Roulers

    #LittéraTube​​ #VidéoEcriture​​ #poésie​​ #journal

    micro journal 374-2023.12.09

  • ton corps vivant, solennel.

    rêve de toi
    tu es vivant mais aphasique
    ce que je pensais mort n’est que lapsus de vie
    tu n’es pas mort, tu ne parles pas
    qu’importe, ton corps s’énonce
    serré contre moi, léger, nomade
    d’âge indécis
    mon immense frère, mon amour sublimé (extrait)

    Images filmées au Liban (Cèdres de Bcharré)

    #LittéraTube​​ #VidéoEcriture​​ #poésie​​ #journal

    micro journal 373-2023.11.25

  • notre flou singulier.

    𝐣𝐨𝐮𝐫𝐧𝐚𝐥 𝐚𝐥𝐞́𝐚𝐭𝐨𝐢𝐫𝐞, 𝟔 𝐚𝐮 𝟏𝟐 𝐧𝐨𝐯𝐞𝐦𝐛𝐫𝐞

    on se soustrait
    nos figures solennelles
    la discrétion nécessaire
    on sera l’alerte sans objet
    l’attente haute
    tout bouge devant l’immobile
    on regarde clandestins
    témoins des vivants
    parmi eux
    savoir quitter (extrait)

    la coquille : *plafonds (avec s) !

    #LittéraTube​​ #VidéoEcriture​​ #poésie​​ #journal

    micro journal 372-2023.11.15

  • boue et volcan, nos traversées.

    𝐣𝐨𝐮𝐫𝐧𝐚𝐥 𝐚𝐥𝐞́𝐚𝐭𝐨𝐢𝐫𝐞, 𝟑𝟎 𝐨𝐜𝐭𝐨𝐛𝐫𝐞 𝐚𝐮 𝟓 𝐧𝐨𝐯𝐞𝐦𝐛𝐫𝐞

    il ne suffira pas de voir pour croire
    ce besoin d’accorder aux sens, peau et mains
    on ne se contentera pas de se mouiller
    plonger dans l’épaisseur
    visage trempé envahi
    et affirmer que tout, partout est concerné
    nos ventres comme montagnes ouvertes
    boue et volcan, nos traversées
    on a exporté nos rituels
    quelle lecture, quel avenir confier à la matière (extrait)

    #LittéraTube​​ #VidéoEcriture​​ #poésie​​ #journal

    micro journal 371-2023.11.11

  • Décharge, revue de poésie (nouvelle parution)

    𝐌𝐞𝐫𝐜𝐢 𝐢𝐦𝐦𝐞𝐧𝐬𝐞 𝐚̀ 𝐂𝐥𝐚𝐮𝐝𝐞 𝐕𝐞𝐫𝐜𝐞𝐲 !

    « Gracia Bejjani était du numéro précédent, où était exercé à son propos notre Droit de suite. Présente alors à travers des extraits d’un recueil en cours d’écriture : Je nous répète. Une poignée de nouveaux poèmes, répondant à la thématique proposée, me sont parvenus de cette poète. En ayant retenu deux pour la revue papier, je m’autorise à en offrir deux autres aux lecteurs de ce site, autant pour le plaisir de les donner à lire que parce qu’ils correspondent à la thématique du moment.

    A la Une du Magnum : www.dechargelarevue.com« 

    lire le texte intégral:
    https://www.dechargelarevue.com/Gracia-Bejjani-pour-deux-poemes-de-plus.html

  • frivole sans la justesse des mots.

    ton visage pourtant
    ce que je sais de tes yeux
    ta peau quand elle bat d’infini
    à qui parle ta peau, par quelles veines
    je la lisais comme chemin retenu
    accordée aux pas de ta danse sourde
    aujourd’hui je te sais toi, sans cette évidence de toi (extrait)

    Images filmées au Liban

    #LittéraTube​​ #VidéoEcriture​​ #poésie​​ #journal

    micro journal 370-2023.11.04

  • du désordre, on attendra le neuf.

    𝐣𝐨𝐮𝐫𝐧𝐚𝐥 𝐚𝐥𝐞́𝐚𝐭𝐨𝐢𝐫𝐞, 𝟐𝟑 𝐚𝐮 𝟐𝟗 𝐨𝐜𝐭𝐨𝐛𝐫𝐞

    on prend le récit du matin par son épilogue
    par la lumière basculée
    bitume comme paume accessible
    telle l’empreinte du pouce
    nos peaux uniques
    les lignes aussi nous identifient
    singuliers
    nos vies seraient écrites sur nos mains
    peut-être
    mais comme toutes destinées
    incertaines (extrait)

    #LittéraTube​​ #VidéoEcriture​​ #poésie​​ #journal

    micro journal 369-2023.10.31

  • on a été portés, choyés.

    𝐣𝐨𝐮𝐫𝐧𝐚𝐥 𝐚𝐥𝐞́𝐚𝐭𝐨𝐢𝐫𝐞, 𝟏𝟔 𝐚𝐮 𝟐𝟐 𝐨𝐜𝐭𝐨𝐛𝐫𝐞

    matin craquelé de sommeils décousus
    nos pensées filandreuses
    diffractent le réel
    comme tout début, l’aube labile
    on calque nos instants au mouvement des plafonds
    l’agilité du temps patient
    on revient des nuits
    comme surface de cendre
    l’air griffé d’analogies
    qui s’écrivent sans nous (extrait)

    #LittéraTube​​ #VidéoEcriture​​ #poésie​​ #journal

    micro journal 368-2023.10.28

  • et pourtant elle est pleine

  • 𝙏𝘼𝗣𝗔𝗚𝗘 plongeoir poétique sur set DJ

    𝙏𝘼𝗣𝗔𝗚𝗘 c’est pour tout bientôt ! dimanche 5 novembre, avec Christophe Manon, Elke de Rijcke, Jérôme Game, Nicolas Richard, Rina Kenović, Thomas Pourchayre, Omar Youssef Souleimane, Dominique Maurizi, Alexandre Bonnet-Terrile, Anna Ayanoglou, Guylaine Monnier et moi-même

    𝗟𝗲 𝗣𝗹𝗼𝗻𝗴𝗲𝗼𝗶𝗿, c’est 5 minutes par poète sur un mix atmosphérique 𝘋𝘑 avec Babette Kürschner
    au Point Éphémère Paris, à partir de 16h
    Immense merci à Anna Ayanoglou et Guylaine Monnier !
    et joie de partager ce moment avec vous ! vous venez ?

  • Nul besoin de penser, le corps se souvient

    On a peur, on s’attend au pire, l’instinct affûté des violences passées. Ils frappent de nuit. D’on ne sait où, ni quand. Ça tombe par surprise, d’un côté et de l’autre. Ça s’infiltre. Nul besoin de penser, le corps se souvient. Mêmes rumeurs remontent, retour à d’anciennes guerres. Retour à l’insécurité latente. Retour aux discussions houleuses, aux disputes explosives entre frères, aux larmes juvéniles. Aux lèvres qui tremblent de pourquoi, comme redevenant l’enfant entêté de questions. L’adulte de maintenant sitôt submergé d’arguments, trop d’arguments et aucun ne fait sens. L’absurde et l’abjection ne se justifient pas. Se sceller paupières, oreilles, le cœur; se boucher le nez pour ne pas vivre ce monde terrifiant.

    Aujourd’hui, je regarde pleurer ma nièce, sans trouver les mots qui, jeune, m’auraient consolée; m’auraient rassurée sur la suite. Sans réponse et contenant ma hâte d’avaler ses larmes, pour oublier mon impuissance à dire; ma honte de parvenir à résister au désespoir. Toutes les raisons et aucune; l’homme a trahi l’humanité. Le désarroi de ma nièce me bouleverse, je n’allume pas la télé: ses sanglots, relai de toutes les images que j’évite depuis le début. As-tu vu, as-tu vu le bébé dans le sac en plastique. Je n’ai rien vu, mais je ne vois que ça: l’horreur humaine, l’épouvante. Infligées aux jeunes, de près et de loin. Ma nièce n’a pas connu notre guerre, elle ne l’a connue que dans le vacarme de nos atomes, cette transmission qui échappe. Elle qui ce soir, me somme. Son phrasé est précipité, pourquoi pourquoi? Mais, mais, dis pourquoi. Ses protestations comme bombes vont dans toutes les directions. Et moi de m’énerver, de tenter des réponses. Et me retrouver privée d’une langue commune. Stupide, débordée. Rien, seuls mes yeux de pierre, pris d’angoisse. L’immense terreur: que nos enfants soient captifs de ces filets. Exposés. Le Liban, à nouveau frappé.

    Inquiétudes partagées ou confidences retenues: à quand notre tour? se demandent certains. Le Liban ne supporterait pas de nouvelle guerre, chuchotent d’autres. Nos angoisses ne traduisent pas les traumatismes d’autrefois. Pas seulement. Allah ynajjinna*! Puisque les institutions officielles prennent des mesures. Au cas où. Les écoles par exemple, avec les consignes aux enseignants. Notre tour pourrait venir, sait-on jamais. Au cas où. Se préparer au pire.

    On a rêvé d’écoles préparant nos avenirs; les voici nous renvoyant au passé. Nos vies, faire et défaire les mêmes boucles. Le Liban, ses cycles de guerres aux allures différentes avec les mêmes fracas au sol, dans la mer et les airs. Des annonces rapportent les affrontements aux frontières, les menaces potentielles, déjà. Les écoles anticipent le possible dérapage fatal: cours à distance, comme en temps de pandémie. La guerre, une monstrueuse interminable pandémie. On retient également son souffle, mais autrement vulnérables. Ni masques ni murs comme garantie. Prenez soin de vous. Aujourd’hui encore enfermés, les nouvelles en continu, télévision ou radio, sans répit; par crainte d’entendre d’autres silences, comme avant. Mémoire d’abris.

    Je ne sais pas, je ne sais plus le langage, je perds discernement, je ne suis qu’un tas de mots répétés comme mantra: je ne veux pas qu’on attaque le Liban je ne veux pas que ça recommence je ne veux pas… des mots pour me couvrir, fausse sécurité. À l’instar de mes nuits adolescentes, confiées à la protection de draps en coton. Mes prières sous ces draps: je ne veux pas de cadavres, je veux ma maison, notre cuisine, je ne veux pas de sang, me manque le sang des blessures ordinaires, nous ne jouons plus dehors, je veux la normalité de ces blessures-là… Ce sang de peaux superficielles, de peaux fragiles comme ces couvertures et mon tout, dedans, absenté.

    Partout les gens parlent, analysent; plus c’est intelligent plus ça sonne creux, désincarné. Aberrant, réducteur. De quoi parlent-ils? Mais moi, qu’ai-je à écrire? Pétrifiée aux frontières. Rejet des effets de langue, la haine des expressions qui anéantissent le réel. Les morts, dommages collatéraux. Le Liban comme la mort, dommage collatéral du Moyen-Orient, ses ronces inextricables.

    *Allah ynajjinna: que Dieu nous préserve

    également paru dans ici Beyrouth :

  • nos corps pour seule vérité.

    𝐣𝐨𝐮𝐫𝐧𝐚𝐥 𝐚𝐥𝐞́𝐚𝐭𝐨𝐢𝐫𝐞, 𝟖 𝐚𝐮 𝟏𝟓 𝐨𝐜𝐭𝐨𝐛𝐫𝐞

    combien d’ailes
    pour décoller les visages des pierres
    les rendre au ciel
    comme murs où se cacher
    ce ciel qu’on cherche au sol
    grand absent des chiffres craies
    comme si rien ne se tenait au bout
    le rien à nos deux côtés
    quand le corps comme verticale ploie
    origines effacées d’un excès de ratures (extrait)

    #LittéraTube​​ #VidéoEcriture​​ #poésie​​ #journal

    micro journal 367-2023.10.21

  • la ville est muraille de fer.

    𝐣𝐨𝐮𝐫𝐧𝐚𝐥 𝐚𝐥𝐞́𝐚𝐭𝐨𝐢𝐫𝐞, 𝟏𝐞𝐫 𝐚𝐮 𝟕 𝐨𝐜𝐭𝐨𝐛𝐫𝐞

    quand on habite tout près
    on y retourne comme rituel
    pour éloigner l’étrange des oxymores
    cimetière comme asile de vies
    on prie les vents humains
    souffles anonymes
    ils tiennent, semés en terre verticale
    tels végétaux solaires (extrait)

    #LittéraTube​​ #VidéoEcriture​​ #poésie​​ #journal

    micro journal 366-2023.10.15

  • l’à.peine du matin

  • portraits vivants • dominique pardoux – livrets xl – 7 vidéos

    « un livret c’est très modeste, très humble »
    « je n’avais plus le même rapport à l’inspiration, c’était simple, fluide »
    𝐃𝐨𝐦𝐢𝐧𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐏𝐚𝐫𝐝𝐨𝐮𝐱, 𝐥𝐞𝐬 𝐥𝐢𝐯𝐫𝐞𝐭𝐬 𝐗𝐋 – 𝐞́𝐩𝐢𝐬𝐨𝐝𝐞 𝟏/𝟔

    QR code vers la playlist consacrée à Dominique Pardoux et aux Livrets XL

    Brève présentation du projet des LIVRETS XL par son créateur Dominique Pardoux : « passer du manuscrit (les textes que trois poétesses contemporaines m’ont adressés durant le confinement de 2020) au monumental (les toiles peintes, qui reprennent les textes). J’ai ainsi créé un livret monumental peint, à partir de trois écritures d’autrices (Nathanaelle Quoirez, Gracia Bejjani, Milène Tournier). Bien que j’utilise le mot « toile » pour simplifier, il s’agit en réalité de papier reconditionné issu d’un réseau participatif (je récupère des prospectus auprès de ma magasins alentours, je les colle les uns sur les autres, de façon à recréer, dans ce geste palimpseste, une toile »

    rencontre à quatre (Nathanaelle Quoirez, Milène Tournier, Gracia Bejjani) et…
    𝐃𝐨𝐦𝐢𝐧𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐏𝐚𝐫𝐝𝐨𝐮𝐱

    « réintégrer le numérique dans la matière… restituer quelque chose aux livres »
    « futuro-archaïsme, rapport naïf qui peut parler à tout le monde »
    𝐃𝐨𝐦𝐢𝐧𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐏𝐚𝐫𝐝𝐨𝐮𝐱, 𝐥𝐞𝐬 𝐥𝐢𝐯𝐫𝐞𝐭𝐬 𝐗𝐋 – 𝐞́𝐩𝐢𝐬𝐨𝐝𝐞 𝟐/𝟔

    « un livret supplémentaire ? j’ai pensé à une langue étrangère, avec une autre calligraphie, une traduction »
    « le matin je traçais mes surfaces, il y a quelque chose qui allait très vite »
    𝐃𝐨𝐦𝐢𝐧𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐏𝐚𝐫𝐝𝐨𝐮𝐱, 𝐥𝐞𝐬 𝐥𝐢𝐯𝐫𝐞𝐭𝐬 𝐗𝐋 – 𝐞́𝐩𝐢𝐬𝐨𝐝𝐞 𝟑/𝟔

    « ça fonctionne dans un environnement total quand le grand peut le petit
    et quand le petit peut le grand »
    𝐃𝐨𝐦𝐢𝐧𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐏𝐚𝐫𝐝𝐨𝐮𝐱, 𝐥𝐞𝐬 𝐥𝐢𝐯𝐫𝐞𝐭𝐬 𝐗𝐋 – 𝐞́𝐩𝐢𝐬𝐨𝐝𝐞 𝟒/𝟔

    « le livre c’est attractif, il faut qu’on touche
    et j’ai vu des gens lire prière de ne pas toucher et tourner les pages »
    𝐃𝐨𝐦𝐢𝐧𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐏𝐚𝐫𝐝𝐨𝐮𝐱, 𝐥𝐞𝐬 𝐥𝐢𝐯𝐫𝐞𝐭𝐬 𝐗𝐋 – 𝐩𝐢𝐬𝐨𝐝𝐞 𝟓/𝟔

    « pendant le vernissage, les gens étaient dedans, ouverts à la lecture , les sens étaient là, c’était total»
    « maintenant il y a quelque chose qui va vive de lui-même, j’aimerais bien le diffuser, l’installer dans des médiathèque, des librairies, des salons littéraires »
    𝐃𝐨𝐦𝐢𝐧𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐏𝐚𝐫𝐝𝐨𝐮𝐱, 𝐥𝐞𝐬 𝐥𝐢𝐯𝐫𝐞𝐭𝐬 𝐗𝐋 – 𝐞́𝐩𝐢𝐬𝐨𝐝𝐞 𝟔/𝟔

    𝐃𝐨𝐦𝐢𝐧𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐏𝐚𝐫𝐝𝐨𝐮𝐱, 𝐥𝐞𝐬 𝐥𝐢𝐯𝐫𝐞𝐭𝐬 𝐗𝐋
    Installation – Tiers-lieu, Faire-Liens – Paris 15° – du 02 au 22 septembre 2023
    Immense merci à Farid Atamna – Responsable du Tiers-Lieu « Faire-Liens » d’avoir accueilli l’œuvre de Dominique Pardoux.

    La vidéo prend le temps de tourner les pages de ce livre monumental

    LittéraTube #VidéoEcriture #portrait

    portrait

  • me souvenir à reculons.

    me souvenir que j’aime pour aimer
    le rêver à distance, clarté des nuits épaisses
    l’artifice des rêves
    magmas de fausses scènes
    plus justes que réel
    me souvenir du toucher, ventre gourmand
    j’écoute lentement
    la mémoire craque entre mes os
    les émotions ont caprices de muscles (extrait)

    Images filmées à Paris, ciel du 28 septembre 2023

    #LittéraTube​​​ #VidéoEcriture​​​ #poésie​​​ #écrire​​

    micro journal 365-2023.09.30

  • l’à peine

    présente pleine
    et pourtant elle bouge

  • parfois le soleil

    parfois le soleil n’est pas le
    palimpseste de levers
    ciel bégaie

  • parfois le ciel

    parfois le ciel n’est pas cet absolu
    aujourd’hui moitié ailée
    rachis et côtes

  • vous n’êtes pas homme mais hasard.

    vous ne consolez pas, vous ne rassurez pas
    je manque de tribu depuis qu’adulte et loin
    soyez-moi fratrie
    vous avez cette voix
    vitale, je ne vous vois pas
    votre rire fait aimer la parole
    entendez-le. (extrait)

    Images filmées à Nantes 2023 – Collection des masques Peignon

    #LittéraTube​​​ #VidéoEcriture​​​ #poésie​​​ #écrire​​

    micro journal 364-2023.09.24

  • je rêve comme filmer à l’envers

    Dire que les choses continuent. Que je continue comme avant. Que je me lève comme si évident ; se réveiller, tous les matins. Que je rêve comme on délire. De même l’attente sans enjeu. Que ça reprend comme s’il n’y avait pas d’avant après. (extrait)

    Images filmées même jour, même lieu. Liban septembre 2023

    #LittéraTube​​​ #VidéoEcriture​​​ #poésie​​​ #écrire​​

    micro journal 363-2023.09.19

  • ce maintenant

  • Décharge n°199

    grande joie d’être à nouveau publiée dans la magnifique revue de poésie, Décharge avec plusieurs textes inédits de mon recueil « je nous répète »
    immense merci à Claude Vercey et à l’équipe de Décharge

  • Les Livrets XL

    si heureuse de ce merveilleux partage. immense merci à Dominique Pardoux pour ce projet incroyable ! Une œuvre sublime, qui nous associe entre amies poétesses (si chères Milène et Nathanaelle !) {(Dominique ne nous savaient pas amies quand il a imaginé et lancé ce livret XL)}
    le vernissage est ce jeudi 14 septembre à partir de 17h30, Paris 15° (info ci-dessous), nous serons présentes, Milène Tournier, Nathanaëlle Quoirez et moi-même pour quelques lectures
    joie de partager ce moment avec vous !
    merci à Farid Atamna de l’Espace Faire Lien d’accueillir cette exposition du 2 au 22 septembre.

  • apnée d’estomac.

    je suis encore moi, tu sais
    quelquefois
    utile comme draps et rideaux
    mes pensées sans peau recyclent les phrases
    je m’adapte à l’ordinaire comme lit à une chambre (extrait)

    #LittéraTube​​​ #VidéoEcriture​​​ #poésie​​​ #écrire​​

    micro journal 362-2023.09.09

  • dans le phrasé d’une main.

    le réel est décor apprêté
    il suffira de sortir ou plonger
    l’océan promis tient dans une piscine
    tout est dans le phrasé d’une main
    5 battements comme mille, tes ombres affolées (extrait)

    réalisée dans la cadre des vases communicants
    Images : Myriam OH – Texte et voix : Gracia Bejjani

    #LittéraTube​​​ #VidéoEcriture​​​ #poésie​​​ #écrire #vasescommunicants

    micro journal

  • ce feu dans l’eau.

    il y eut le jeu,
    dérive de l’ordinaire
    le jeu qui sauve, renverse les lignes hautes
    son explosion liquide
    il y eut les légendes niaises
    les réalités joyeuses
    on n’est plus des enfants, les oublis nous précèdent (extrait)

    #LittéraTube​​​ #VidéoEcriture​​​ #poésie​​​ #écrire​​

    micro journal 361-2023.08.23

  • mes rêves me connaissent.

    mes rêves me connaissent
    – ils ont cette franche impolitesse –
    me surprennent comme
    faits divers renversent toutes normes
    nuits troubles et visions précises
    mes rêves comme aveux
    manifestent, m’expriment
    sommeil philosophe (extrait)

    #LittéraTube​​​ #VidéoEcriture​​​ #poésie​​​ #écrire​​

    micro journal 360-2023.08.20