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𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐥𝐨𝐮𝐫𝐝𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐬𝐞𝐬 𝐨𝐬.
caisse en bois plus lourde que ses os
le cireur de chaussures ne marche pas
il tangue
comme si l’air était mer et ses bras, rames
rues de Beyrouth, son macrocosme
il a toujours été âgé
comme tatoué des récits de la ville (extrait)#LittéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 389-2024.05.12
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𝗵𝘂𝗶𝘁 𝗲́𝘁𝗮𝗴𝗲𝘀 𝗱𝗲 𝘀𝗼𝘂𝗿𝗶𝗿𝗲𝘀 𝗷𝗲𝘁𝗲́𝘀.
elle, son sourire comme mur
la voisine a oublié son sourire à ses lèvres
huit étages de sourires jetés, perdus
il dévisage
ce culot, sourire aux inconnus (extrait)#LittéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 388-2024.05.05
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𝗺𝗮𝗶𝗻 𝗾𝘂𝗶 𝘂𝗻 𝗷𝗼𝘂𝗿 𝗺𝗮𝗻𝗾𝘂𝗲𝗿𝗮.
l’enfant aux yeux alarmés
bouche ouverte comme tunnel
ses mots arrêtés contre dents
les sanglots ne font pas de bruits
sidération parmi
tant de corps (extrait)#LittéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 387-2024.04.28
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c’est comme sol déchiré.
l’exil, cette traque des routes
terres en fuite d’yeux
on regarde désormais les fenêtres
dedans dehors nomades
légèreté de surface, l’envol rompu
c’est comme sol déchiré
équilibre de caillasse
la peau compacte consent
abandonne l’hypothèse
abandonne sa foi (extrait)#LittéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 386-2024.04.24
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jamais aimé les chiffres pairs.
𝗷𝗮𝗺𝗮𝗶𝘀 𝗮𝗶𝗺𝗲́ 𝗹𝗲𝘀 𝗰𝗵𝗶𝗳𝗳𝗿𝗲𝘀 𝗽𝗮𝗶𝗿𝘀
il m’arrive de voir mes yeux
les détourne pour me perdre de vue
de voir la pente de mes pieds
ils avancent sans moi
précipités — manquent le temps
désordre des fuites incertaines
voir la possibilité de n’être que corps
sans comprendre la complexité du corps (extrait)#LittéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 385-2024.04.21
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qui de moi.
ce jour où perdant tout
il ne me reste plus que moi
de toutes les filles que je fus (extrait)#LittéraTube #VidéoEcriture #shorts #poésie
micro journal 384-2024.04.14
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comment s’appelle votre nom
comment s’appelle votre nom, elle demande
mots, mis en abyme -
comme dépoussiérer un meuble.
on s’est un jour arrêté sans mourir
vu l’inertie des mouvements
encombrés de
réussites hantées — l’éducation
ardeur payée en rites
tant nous ont tapoté l’épaule
comme l’on dépoussière un meuble (extrait)#LittéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 383-2024.03.31
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NRF Gallimard – À quel temps s’écrivent les guerres?
Fête des mères au Liban aujourd’hui. Et sort (aujourd’hui) en librairie le numéro de la NRF Gallimard « À quel temps s’écrivent les guerres? ». Je suis très honorée et émue de participer* à ce numéro et en si bonne compagnie. Que son jour de diffusion coïncide avec la fête des mères. 𝐻𝑎𝑠𝑎𝑟𝑑 𝑑𝑖𝑡-𝑜𝑛. 𝑀𝑎𝑖𝑠 𝑙𝑒 ℎ𝑎𝑠𝑎𝑟𝑑 𝑛𝑜𝑢𝑠 𝑟𝑒𝑠𝑠𝑒𝑚𝑏𝑙𝑒 répond Bernanos. Me souvenir avoir oublié de l’appeler (parfois), décalage de pays, de perception : retenir une date quand tous jours et tant de textes poursuivent sa voix en moi ? L’écriture, fragments et ellipses, comme le titre de ces poèmes sur notre guerre « vous n’en parlez jamais ». Je ne fais peut-être que ça, en parler. Et t’𝐞́𝐜𝐫𝐢𝐫𝐞 maman.
*Immense merci à Géraldine Blanc et à Anna Ayanoglou d’avoir permis la rencontre



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le corps comme obstacle à l’oubli.
il me suffit me souvenir
l’oreille contre son ventre
des histoires envolées — j’écoute
j’ai écouté son cœur
fabulé l’infini
il nous faut
occuper les chaises d’après
pousser des portes, marcher
du temps contre les fenêtres (extrait)#LittéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 382-2024.03.17
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mémoire analphabète.
nous avons le vent, sa caresse liquide
la hâte au corps — un vœu
nous avons
des mots, mémoire analphabète
ainsi, écrire — désoler le sens
un rêve prononce la nuit le recul
quand les doigts endurent l’étreinte
ne prennent forme narrative
(nous n’avons pas de langue) (extrait)#LittéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 381-2024.03.13
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peau ton corps.
main réconforte l’autre
doigts entre doigts prononcés
décliner ta main
comme nuage
— soyeuse
elle repose accordée
aux récits patients (extrait)#LittéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 380-2024.03.03
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portraits vivants • nathanaëlle quoirez – 7 vidéos
« L’écriture c’est un accès »
nathanaëlle quoirez autour de l’écriture, épisode 1/7
QR code vers la playlist consacrée à Nathanaëlle Quoirez
Conversations avec Nathanaëlle Quoirez autour de l’écriture et de la foi. Les enregistrements datent de 2 ans et 2 mois, en compagnie de Milène Tournier, alors que Nathanaëlle était en train d’écrire ses Lettres à Madame, livre qui paraîtra (sans qu’elle le sache encore) à l’automne 2023 aux éditions Lurlure. Cette parole, encore d’actualité, nous dit à quel point le propos est juste et incarné. Lire Nathanaëlle permet l’«accès» à une autre dimension, tel qu’elle l’évoque dès le premier épisode de cette série vidéo. Son écriture est exigeante, singulière, tout en tension entre absolu et souffle charnel.
Le recueil Lettres à Madame est immense, merveilleux… pour vous le procurer, c’est par ici : https://lurlure.net/lettres-madameépisode 1/7 : • portraits vivants • nathanaëlle quoir…
épisode 2/7 : • portraits vivants • nathanaëlle quoir…
épisode 3/7 : • portraits vivants • nathanaëlle quoir…
épisode 4/7 : • portraits vivants • nathanaëlle quoir…
épisode 5/7 : • portraits vivants • nathanaëlle quoir…
épisode 6/7 : • portraits vivants • nathanaëlle quoir…
épisode 7/7 : • portraits vivants • nathanaëlle quoir…
la première série d’entretiens avec nathanaëlle quoirez est visible ici :
• portraits vivants – nathanaëlle quoir…
• portraits vivants – nathanaëlle quoir…
« Être à la hauteur de la main qui te tient »
nathanaëlle quoirez autour de l’écriture, épisode 2/7
« Sa propre insuffisance, c’est ça qui fait trembler »
nathanaëlle quoirez autour de l’écriture, épisode 3/7
« C’est comme si la foi et l’écriture permettaient de s’adresser »
nathanaëlle quoirez autour de l’écriture, épisode 4/7
« Avoir cette capacité à exister dans ton quotidien »
nathanaëlle quoirez autour de l’écriture, épisode 5/7
« J’ai pas découvert Dieu, j’ai pas découvert l’écriture »
nathanaëlle quoirez autour de l’écriture, épisode 6/7
« Comme tu en manques tu crèves de faim »
nathanaëlle quoirez autour de l’écriture, épisode 7/7LittéraTube #VidéoEcriture #portrait
portrait
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le lointain autrement.
j’écris | m’oblige — touche langue des doigts
marcher retarder les ponctuations
textes en blanc / le manque
ce peu, comme caillou fait monde
chant inattendu quand le pardon mendie (extrait)#LittéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 379-2024.02.25
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mon visage rendu masque.
je rêve aussi
habiller ma peau de traits définitifs
je ne retrouverai pas mon visage
confié aux pointes encrées du stylet
une tatoueuse inconnue
me fabriquera autre surface, à la main
indélébile (extrait)#LittéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 378-2024.02.11
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j’ai ta saveur sur mes doigts.
ta joue — intimité visible
vulnérable entre mes mains
j’ai ta saveur sur mes doigts
silencieuse ma peau
bruit de pas au cœur
tu me vois de près, étrangère
présence inattendue qui te brusque
ton rire quitte déjà (extrait)Images tournées en novembre 2023, au Klein Seminarie de Roulers (Belgique)
#LittéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 377-2024.01.28
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autofictiographie #12, mes cailloux de nerfs.
sans l’illusion, je trahirais le désir
l’arrêterais avant son récit
avant l’enthousiasme
— comme de vivre sans voix brute (extrait)#LittéraTube #VidéoEcriture #poésie #écrire
micro journal 376-2024.01.21
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soupçon d’une guerre jamais terminée.
votre guerre, il me dit
je lui raconterai la mer foudroyée
devenue terre — étendue de corps sans demeure
nos morts de sel emmurés
dire leurs odeurs acides
l’eau comme cendre
petites vagues de Méditerranée, sur scènes ensevelies
je lui parlerai du soleil
impartial (extrait)#LittéraTube #VidéoEcriture #poésie #liban
micro journal 375-2024.01.14
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Anthologie de poésie – Le Castor Astral 2024
Immense merci à Jean-Yves Reuzeau et aux éditions Astral Castor ! Hâte de lire ces voix que j’aime (je ne les cite pas mais) et avec qui je partage quelques textes dans cette magnifique anthologie réalisée pour le Printemps des Poètes 2024.
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Décharge n°200
Il y a un an, j’écrivais mon épitaphe dans le dernier numéro de WAM. Cette année 2023 se clôt également sur des textes parus dans un « dernier numéro », Décharge 200, sur le thème accordé au « geste » éditorial : Et comment ça se joue, à la fin ?
Alors oui immense joie d’en être, mais grande grande tristesse de voir s’arrêter une si merveilleuse revue « Décharge », portée notamment par le magnifique travail de Claude Vercey que je remercie, remercie… pour ce chemin partagé ! -
Revue Cabaret n°48
grand grand merci à Aline Recoura pour la publication de quelques haïkus dans la revue Cabaret).
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tiens ta parole, trompe-moi.
tiens ta parole, trompe-moi
j’entends l’apparence
l’haleine ambiguë des pensées
ne me dis pas ton vrai
nous ne partageons pas de réels
rongés d’une langue par crâne
de mots accrochés au hasard
je veux cette vérité-là, inachevée, incertaine
des mensonges plus justes que preuves (extrait)version raccourcie du texte écrit pour le festival international de poésie de Roulers
#LittéraTube #VidéoEcriture #poésie #journal
micro journal 374-2023.12.09
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ton corps vivant, solennel.
rêve de toi
tu es vivant mais aphasique
ce que je pensais mort n’est que lapsus de vie
tu n’es pas mort, tu ne parles pas
qu’importe, ton corps s’énonce
serré contre moi, léger, nomade
d’âge indécis
mon immense frère, mon amour sublimé (extrait)Images filmées au Liban (Cèdres de Bcharré)
#LittéraTube #VidéoEcriture #poésie #journal
micro journal 373-2023.11.25
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notre flou singulier.
𝐣𝐨𝐮𝐫𝐧𝐚𝐥 𝐚𝐥𝐞́𝐚𝐭𝐨𝐢𝐫𝐞, 𝟔 𝐚𝐮 𝟏𝟐 𝐧𝐨𝐯𝐞𝐦𝐛𝐫𝐞
on se soustrait
nos figures solennelles
la discrétion nécessaire
on sera l’alerte sans objet
l’attente haute
tout bouge devant l’immobile
on regarde clandestins
témoins des vivants
parmi eux
savoir quitter (extrait)la coquille : *plafonds (avec s) !
#LittéraTube #VidéoEcriture #poésie #journal
micro journal 372-2023.11.15
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boue et volcan, nos traversées.
𝐣𝐨𝐮𝐫𝐧𝐚𝐥 𝐚𝐥𝐞́𝐚𝐭𝐨𝐢𝐫𝐞, 𝟑𝟎 𝐨𝐜𝐭𝐨𝐛𝐫𝐞 𝐚𝐮 𝟓 𝐧𝐨𝐯𝐞𝐦𝐛𝐫𝐞
il ne suffira pas de voir pour croire
ce besoin d’accorder aux sens, peau et mains
on ne se contentera pas de se mouiller
plonger dans l’épaisseur
visage trempé envahi
et affirmer que tout, partout est concerné
nos ventres comme montagnes ouvertes
boue et volcan, nos traversées
on a exporté nos rituels
quelle lecture, quel avenir confier à la matière (extrait)#LittéraTube #VidéoEcriture #poésie #journal
micro journal 371-2023.11.11
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Décharge, revue de poésie (nouvelle parution)
𝐌𝐞𝐫𝐜𝐢 𝐢𝐦𝐦𝐞𝐧𝐬𝐞 𝐚̀ 𝐂𝐥𝐚𝐮𝐝𝐞 𝐕𝐞𝐫𝐜𝐞𝐲 !
« Gracia Bejjani était du numéro précédent, où était exercé à son propos notre Droit de suite. Présente alors à travers des extraits d’un recueil en cours d’écriture : Je nous répète. Une poignée de nouveaux poèmes, répondant à la thématique proposée, me sont parvenus de cette poète. En ayant retenu deux pour la revue papier, je m’autorise à en offrir deux autres aux lecteurs de ce site, autant pour le plaisir de les donner à lire que parce qu’ils correspondent à la thématique du moment.
A la Une du Magnum : www.dechargelarevue.com«
lire le texte intégral:
https://www.dechargelarevue.com/Gracia-Bejjani-pour-deux-poemes-de-plus.html -
frivole sans la justesse des mots.
ton visage pourtant
ce que je sais de tes yeux
ta peau quand elle bat d’infini
à qui parle ta peau, par quelles veines
je la lisais comme chemin retenu
accordée aux pas de ta danse sourde
aujourd’hui je te sais toi, sans cette évidence de toi (extrait)Images filmées au Liban
#LittéraTube #VidéoEcriture #poésie #journal
micro journal 370-2023.11.04
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du désordre, on attendra le neuf.
𝐣𝐨𝐮𝐫𝐧𝐚𝐥 𝐚𝐥𝐞́𝐚𝐭𝐨𝐢𝐫𝐞, 𝟐𝟑 𝐚𝐮 𝟐𝟗 𝐨𝐜𝐭𝐨𝐛𝐫𝐞
on prend le récit du matin par son épilogue
par la lumière basculée
bitume comme paume accessible
telle l’empreinte du pouce
nos peaux uniques
les lignes aussi nous identifient
singuliers
nos vies seraient écrites sur nos mains
peut-être
mais comme toutes destinées
incertaines (extrait)#LittéraTube #VidéoEcriture #poésie #journal
micro journal 369-2023.10.31
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on a été portés, choyés.
𝐣𝐨𝐮𝐫𝐧𝐚𝐥 𝐚𝐥𝐞́𝐚𝐭𝐨𝐢𝐫𝐞, 𝟏𝟔 𝐚𝐮 𝟐𝟐 𝐨𝐜𝐭𝐨𝐛𝐫𝐞
matin craquelé de sommeils décousus
nos pensées filandreuses
diffractent le réel
comme tout début, l’aube labile
on calque nos instants au mouvement des plafonds
l’agilité du temps patient
on revient des nuits
comme surface de cendre
l’air griffé d’analogies
qui s’écrivent sans nous (extrait)#LittéraTube #VidéoEcriture #poésie #journal
micro journal 368-2023.10.28
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𝙏𝘼𝗣𝗔𝗚𝗘 plongeoir poétique sur set DJ
𝙏𝘼𝗣𝗔𝗚𝗘 c’est pour tout bientôt ! dimanche 5 novembre, avec Christophe Manon, Elke de Rijcke, Jérôme Game, Nicolas Richard, Rina Kenović, Thomas Pourchayre, Omar Youssef Souleimane, Dominique Maurizi, Alexandre Bonnet-Terrile, Anna Ayanoglou, Guylaine Monnier et moi-même
𝗟𝗲 𝗣𝗹𝗼𝗻𝗴𝗲𝗼𝗶𝗿, c’est 5 minutes par poète sur un mix atmosphérique 𝘋𝘑 avec Babette Kürschner
au Point Éphémère Paris, à partir de 16h
Immense merci à Anna Ayanoglou et Guylaine Monnier !
et joie de partager ce moment avec vous ! vous venez ? -
Nul besoin de penser, le corps se souvient
On a peur, on s’attend au pire, l’instinct affûté des violences passées. Ils frappent de nuit. D’on ne sait où, ni quand. Ça tombe par surprise, d’un côté et de l’autre. Ça s’infiltre. Nul besoin de penser, le corps se souvient. Mêmes rumeurs remontent, retour à d’anciennes guerres. Retour à l’insécurité latente. Retour aux discussions houleuses, aux disputes explosives entre frères, aux larmes juvéniles. Aux lèvres qui tremblent de pourquoi, comme redevenant l’enfant entêté de questions. L’adulte de maintenant sitôt submergé d’arguments, trop d’arguments et aucun ne fait sens. L’absurde et l’abjection ne se justifient pas. Se sceller paupières, oreilles, le cœur; se boucher le nez pour ne pas vivre ce monde terrifiant.
Aujourd’hui, je regarde pleurer ma nièce, sans trouver les mots qui, jeune, m’auraient consolée; m’auraient rassurée sur la suite. Sans réponse et contenant ma hâte d’avaler ses larmes, pour oublier mon impuissance à dire; ma honte de parvenir à résister au désespoir. Toutes les raisons et aucune; l’homme a trahi l’humanité. Le désarroi de ma nièce me bouleverse, je n’allume pas la télé: ses sanglots, relai de toutes les images que j’évite depuis le début. As-tu vu, as-tu vu le bébé dans le sac en plastique. Je n’ai rien vu, mais je ne vois que ça: l’horreur humaine, l’épouvante. Infligées aux jeunes, de près et de loin. Ma nièce n’a pas connu notre guerre, elle ne l’a connue que dans le vacarme de nos atomes, cette transmission qui échappe. Elle qui ce soir, me somme. Son phrasé est précipité, pourquoi pourquoi? Mais, mais, dis pourquoi. Ses protestations comme bombes vont dans toutes les directions. Et moi de m’énerver, de tenter des réponses. Et me retrouver privée d’une langue commune. Stupide, débordée. Rien, seuls mes yeux de pierre, pris d’angoisse. L’immense terreur: que nos enfants soient captifs de ces filets. Exposés. Le Liban, à nouveau frappé.
Inquiétudes partagées ou confidences retenues: à quand notre tour? se demandent certains. Le Liban ne supporterait pas de nouvelle guerre, chuchotent d’autres. Nos angoisses ne traduisent pas les traumatismes d’autrefois. Pas seulement. Allah ynajjinna*! Puisque les institutions officielles prennent des mesures. Au cas où. Les écoles par exemple, avec les consignes aux enseignants. Notre tour pourrait venir, sait-on jamais. Au cas où. Se préparer au pire.
On a rêvé d’écoles préparant nos avenirs; les voici nous renvoyant au passé. Nos vies, faire et défaire les mêmes boucles. Le Liban, ses cycles de guerres aux allures différentes avec les mêmes fracas au sol, dans la mer et les airs. Des annonces rapportent les affrontements aux frontières, les menaces potentielles, déjà. Les écoles anticipent le possible dérapage fatal: cours à distance, comme en temps de pandémie. La guerre, une monstrueuse interminable pandémie. On retient également son souffle, mais autrement vulnérables. Ni masques ni murs comme garantie. Prenez soin de vous. Aujourd’hui encore enfermés, les nouvelles en continu, télévision ou radio, sans répit; par crainte d’entendre d’autres silences, comme avant. Mémoire d’abris.
Je ne sais pas, je ne sais plus le langage, je perds discernement, je ne suis qu’un tas de mots répétés comme mantra: je ne veux pas qu’on attaque le Liban je ne veux pas que ça recommence je ne veux pas… des mots pour me couvrir, fausse sécurité. À l’instar de mes nuits adolescentes, confiées à la protection de draps en coton. Mes prières sous ces draps: je ne veux pas de cadavres, je veux ma maison, notre cuisine, je ne veux pas de sang, me manque le sang des blessures ordinaires, nous ne jouons plus dehors, je veux la normalité de ces blessures-là… Ce sang de peaux superficielles, de peaux fragiles comme ces couvertures et mon tout, dedans, absenté.
Partout les gens parlent, analysent; plus c’est intelligent plus ça sonne creux, désincarné. Aberrant, réducteur. De quoi parlent-ils? Mais moi, qu’ai-je à écrire? Pétrifiée aux frontières. Rejet des effets de langue, la haine des expressions qui anéantissent le réel. Les morts, dommages collatéraux. Le Liban comme la mort, dommage collatéral du Moyen-Orient, ses ronces inextricables.
*Allah ynajjinna: que Dieu nous préserve
également paru dans ici Beyrouth :
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nos corps pour seule vérité.
𝐣𝐨𝐮𝐫𝐧𝐚𝐥 𝐚𝐥𝐞́𝐚𝐭𝐨𝐢𝐫𝐞, 𝟖 𝐚𝐮 𝟏𝟓 𝐨𝐜𝐭𝐨𝐛𝐫𝐞
combien d’ailes
pour décoller les visages des pierres
les rendre au ciel
comme murs où se cacher
ce ciel qu’on cherche au sol
grand absent des chiffres craies
comme si rien ne se tenait au bout
le rien à nos deux côtés
quand le corps comme verticale ploie
origines effacées d’un excès de ratures (extrait)#LittéraTube #VidéoEcriture #poésie #journal
micro journal 367-2023.10.21
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la ville est muraille de fer.
𝐣𝐨𝐮𝐫𝐧𝐚𝐥 𝐚𝐥𝐞́𝐚𝐭𝐨𝐢𝐫𝐞, 𝟏𝐞𝐫 𝐚𝐮 𝟕 𝐨𝐜𝐭𝐨𝐛𝐫𝐞
quand on habite tout près
on y retourne comme rituel
pour éloigner l’étrange des oxymores
cimetière comme asile de vies
on prie les vents humains
souffles anonymes
ils tiennent, semés en terre verticale
tels végétaux solaires (extrait)#LittéraTube #VidéoEcriture #poésie #journal
micro journal 366-2023.10.15
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portraits vivants • dominique pardoux – livrets xl – 7 vidéos
« un livret c’est très modeste, très humble »
« je n’avais plus le même rapport à l’inspiration, c’était simple, fluide »
𝐃𝐨𝐦𝐢𝐧𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐏𝐚𝐫𝐝𝐨𝐮𝐱, 𝐥𝐞𝐬 𝐥𝐢𝐯𝐫𝐞𝐭𝐬 𝐗𝐋 – 𝐞́𝐩𝐢𝐬𝐨𝐝𝐞 𝟏/𝟔
QR code vers la playlist consacrée à Dominique Pardoux et aux Livrets XL
Brève présentation du projet des LIVRETS XL par son créateur Dominique Pardoux : « passer du manuscrit (les textes que trois poétesses contemporaines m’ont adressés durant le confinement de 2020) au monumental (les toiles peintes, qui reprennent les textes). J’ai ainsi créé un livret monumental peint, à partir de trois écritures d’autrices (Nathanaelle Quoirez, Gracia Bejjani, Milène Tournier). Bien que j’utilise le mot « toile » pour simplifier, il s’agit en réalité de papier reconditionné issu d’un réseau participatif (je récupère des prospectus auprès de ma magasins alentours, je les colle les uns sur les autres, de façon à recréer, dans ce geste palimpseste, une toile »rencontre à quatre (Nathanaelle Quoirez, Milène Tournier, Gracia Bejjani) et…
𝐃𝐨𝐦𝐢𝐧𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐏𝐚𝐫𝐝𝐨𝐮𝐱
« réintégrer le numérique dans la matière… restituer quelque chose aux livres »
« futuro-archaïsme, rapport naïf qui peut parler à tout le monde »
𝐃𝐨𝐦𝐢𝐧𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐏𝐚𝐫𝐝𝐨𝐮𝐱, 𝐥𝐞𝐬 𝐥𝐢𝐯𝐫𝐞𝐭𝐬 𝐗𝐋 – 𝐞́𝐩𝐢𝐬𝐨𝐝𝐞 𝟐/𝟔
« un livret supplémentaire ? j’ai pensé à une langue étrangère, avec une autre calligraphie, une traduction »
« le matin je traçais mes surfaces, il y a quelque chose qui allait très vite »
𝐃𝐨𝐦𝐢𝐧𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐏𝐚𝐫𝐝𝐨𝐮𝐱, 𝐥𝐞𝐬 𝐥𝐢𝐯𝐫𝐞𝐭𝐬 𝐗𝐋 – 𝐞́𝐩𝐢𝐬𝐨𝐝𝐞 𝟑/𝟔
« ça fonctionne dans un environnement total quand le grand peut le petit
et quand le petit peut le grand »
𝐃𝐨𝐦𝐢𝐧𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐏𝐚𝐫𝐝𝐨𝐮𝐱, 𝐥𝐞𝐬 𝐥𝐢𝐯𝐫𝐞𝐭𝐬 𝐗𝐋 – 𝐞́𝐩𝐢𝐬𝐨𝐝𝐞 𝟒/𝟔
« le livre c’est attractif, il faut qu’on touche
et j’ai vu des gens lire prière de ne pas toucher et tourner les pages »
𝐃𝐨𝐦𝐢𝐧𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐏𝐚𝐫𝐝𝐨𝐮𝐱, 𝐥𝐞𝐬 𝐥𝐢𝐯𝐫𝐞𝐭𝐬 𝐗𝐋 – 𝐩𝐢𝐬𝐨𝐝𝐞 𝟓/𝟔
« pendant le vernissage, les gens étaient dedans, ouverts à la lecture , les sens étaient là, c’était total»
« maintenant il y a quelque chose qui va vive de lui-même, j’aimerais bien le diffuser, l’installer dans des médiathèque, des librairies, des salons littéraires »
𝐃𝐨𝐦𝐢𝐧𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐏𝐚𝐫𝐝𝐨𝐮𝐱, 𝐥𝐞𝐬 𝐥𝐢𝐯𝐫𝐞𝐭𝐬 𝐗𝐋 – 𝐞́𝐩𝐢𝐬𝐨𝐝𝐞 𝟔/𝟔
𝐃𝐨𝐦𝐢𝐧𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐏𝐚𝐫𝐝𝐨𝐮𝐱, 𝐥𝐞𝐬 𝐥𝐢𝐯𝐫𝐞𝐭𝐬 𝐗𝐋
Installation – Tiers-lieu, Faire-Liens – Paris 15° – du 02 au 22 septembre 2023
Immense merci à Farid Atamna – Responsable du Tiers-Lieu « Faire-Liens » d’avoir accueilli l’œuvre de Dominique Pardoux.La vidéo prend le temps de tourner les pages de ce livre monumental
LittéraTube #VidéoEcriture #portrait
portrait
-
me souvenir à reculons.
me souvenir que j’aime pour aimer
le rêver à distance, clarté des nuits épaisses
l’artifice des rêves
magmas de fausses scènes
plus justes que réel
me souvenir du toucher, ventre gourmand
j’écoute lentement
la mémoire craque entre mes os
les émotions ont caprices de muscles (extrait)Images filmées à Paris, ciel du 28 septembre 2023
#LittéraTube #VidéoEcriture #poésie #écrire
micro journal 365-2023.09.30
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l’à peine
présente pleine
et pourtant elle bouge -
parfois le soleil
parfois le soleil n’est pas le
palimpseste de levers
ciel bégaie -
parfois le ciel
parfois le ciel n’est pas cet absolu
aujourd’hui moitié ailée
rachis et côtes -
vous n’êtes pas homme mais hasard.
vous ne consolez pas, vous ne rassurez pas
je manque de tribu depuis qu’adulte et loin
soyez-moi fratrie
vous avez cette voix
vitale, je ne vous vois pas
votre rire fait aimer la parole
entendez-le. (extrait)Images filmées à Nantes 2023 – Collection des masques Peignon
#LittéraTube #VidéoEcriture #poésie #écrire
micro journal 364-2023.09.24
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je rêve comme filmer à l’envers
Dire que les choses continuent. Que je continue comme avant. Que je me lève comme si évident ; se réveiller, tous les matins. Que je rêve comme on délire. De même l’attente sans enjeu. Que ça reprend comme s’il n’y avait pas d’avant après. (extrait)
Images filmées même jour, même lieu. Liban septembre 2023
#LittéraTube #VidéoEcriture #poésie #écrire
micro journal 363-2023.09.19
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Décharge n°199
grande joie d’être à nouveau publiée dans la magnifique revue de poésie, Décharge avec plusieurs textes inédits de mon recueil « je nous répète »
immense merci à Claude Vercey et à l’équipe de Décharge -
Les Livrets XL
si heureuse de ce merveilleux partage. immense merci à Dominique Pardoux pour ce projet incroyable ! Une œuvre sublime, qui nous associe entre amies poétesses (si chères Milène et Nathanaelle !) {(Dominique ne nous savaient pas amies quand il a imaginé et lancé ce livret XL)}
le vernissage est ce jeudi 14 septembre à partir de 17h30, Paris 15° (info ci-dessous), nous serons présentes, Milène Tournier, Nathanaëlle Quoirez et moi-même pour quelques lectures
joie de partager ce moment avec vous !
merci à Farid Atamna de l’Espace Faire Lien d’accueillir cette exposition du 2 au 22 septembre. -
apnée d’estomac.
je suis encore moi, tu sais
quelquefois
utile comme draps et rideaux
mes pensées sans peau recyclent les phrases
je m’adapte à l’ordinaire comme lit à une chambre (extrait)#LittéraTube #VidéoEcriture #poésie #écrire
micro journal 362-2023.09.09
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dans le phrasé d’une main.
le réel est décor apprêté
il suffira de sortir ou plonger
l’océan promis tient dans une piscine
tout est dans le phrasé d’une main
5 battements comme mille, tes ombres affolées (extrait)réalisée dans la cadre des vases communicants
Images : Myriam OH – Texte et voix : Gracia Bejjani#LittéraTube #VidéoEcriture #poésie #écrire #vasescommunicants
micro journal
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ce feu dans l’eau.
il y eut le jeu,
dérive de l’ordinaire
le jeu qui sauve, renverse les lignes hautes
son explosion liquide
il y eut les légendes niaises
les réalités joyeuses
on n’est plus des enfants, les oublis nous précèdent (extrait)#LittéraTube #VidéoEcriture #poésie #écrire
micro journal 361-2023.08.23
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mes rêves me connaissent.
mes rêves me connaissent
– ils ont cette franche impolitesse –
me surprennent comme
faits divers renversent toutes normes
nuits troubles et visions précises
mes rêves comme aveux
manifestent, m’expriment
sommeil philosophe (extrait)#LittéraTube #VidéoEcriture #poésie #écrire
micro journal 360-2023.08.20