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je boite des doigts.
plus agiles que mots
mes mains araignées
elles me protègent
elles arrêtent, entourent
doigts pattes sur le clavier
je ne suis pas seule
j’ai mes mains (extrait)photos de street art
réalisées dans différents lieux,
collectées au fil du temps
œuvres d’artistes parfois anonymes ou non identifiés
gratitude profonde
aux artistes#littéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 464-2025.12.20
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extrait #2 | sobhiyé – corps de femmes.
je vous lis un court passage de sobhiyé – corps de femmes
un nouvel extrait chaque semaine jusqu’au 22 janviertoutes les infos sur le livre :
https://graciabejjani.fr/2025/12/06/sobhiye-corps-de-femmes/#PremierRoman #Lecture #Littérature #Sobhiyé #CorpsDeFemmes #Beyrouth #Liban
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quand le kebbé est faux.
C’est bon, mais ce n’est pas le vrai kebbé. L’amie est catégorique. Il faut les trois couches pour faire un kebbé. Je souris. Le vrai. Qu’est-ce qu’un vrai plat ? Une vraie Libanaise ? Qu’est-ce qu’être la vraie fille de sa mère ?
À Paris, je refuse les restaurants libanais. Tout sauf libanais. Sans chercher à savoir si le restaurant est bon ou pas. (extrait)#littéraTube #VidéoEcriture #liban
micro journal 463-2025.12.12
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bics, feutres… | 9
retour aux couleurs (jamais vraiment quittées)
format A3 pour ouvrir
avec capture des fragments
(dessin au bic, coloriage au feutre, contour en noir, découpage ciseaux)
avant de les assembler, de les coller








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extrait #1 | sobhiyé – corps de femmes.
je vous lis un court passage de sobhiyé – corps de femmes
un nouvel extrait chaque semaine jusqu’au 22 janviertoutes les infos sur le livre :
https://graciabejjani.fr/2025/12/06/sobhiye-corps-de-femmes/#PremierRoman #Lecture #Littérature #Sobhiyé #CorpsDeFemmes #Beyrouth #Liban
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Sobhiyé – Corps de femmes
Sobhiyé – Corps de femmes, mon premier roman, sort le 22 janvier 2026 chez Accro éditions. Très heureuse de partager cette date avec vous.
Beyrouth, années soixante-dix. Dans le quartier chrétien d’Achrafieh, la narratrice et ses amies, Hanane et Nayla, grandissent entre Orient et ouverture à l’Occident. En hissant leurs voix, elles se souviennent des épreuves fondatrices de l’enfance et des subtilités du monde des femmes, au cœur d’une société dominée par les hommes.
C’est dans l’intimité de la maison, des gestes et des rituels, que l’autrice nous entraîne pour dire la force de résistance de ces femmes, au quotidien d’abord, puis plus tard, face à la guerre.📖 Découvrir un extrait et toutes les infos sur le site d’Accro Éditions
Lecture d’un nouvel extrait par semaine, jusqu’au 22 janvier :
– extrait #1
– extrait #2 -
mon prénom au singulier.
gargouillis de ventre, reniflements
battements liquides quand ça s’affolait
je nous ai fabriqué une langue
venue comme un surgissement
il suffisait de laisser faire les sons
le hasard leur donnait sens
tout ne passait pas par la bouche
le corps résonnait comme oreille
je me voyais plurielle (extrait)#littéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 462-2025.11.27
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le faux oubli des premières fois.
Il y a des portes qui baillent, confondent couloirs et chambres. Ouvertes à tout courant.
Il y a une table. La solidité d’une table, la distance qu’elle installe. Pouvoir s’y appuyer. Écrire ou se cacher dessous, comme avant.
Et cette obsession du frigo : l’ouvrir souvent, pour rien. Une question posée au froid. Entre dégoût et désir.
Il y a la peur. Ce premier trou. Absolu, invisible.
L’ombre — il n’y a pas de mot pour les ombres qui bougent. (extrait)#littéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 461-2025.11.20
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bics, feutres… | 8
dessin au bic
coloriage au feutre
contour en noir
découpage ciseaux
assemblage des fragments
collage à la colle d’écolier
… patience (ou pas), hasard et silence







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apprendre à mordre sans blesser.
j’ai appris à parler
en léchant peaux et plastiques
reniflant les fruits
touchant les objets
je suis tombée
j’ai trouvé les mots
en goûtant la rouille, ma morve
en confondant le sang et la cerise (extrait)#littéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 460-2025.11.09
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vite et trop.
vite et trop
ça nous déborde
ça exagère
emphase puérile
comme l’enfant et ses glaces
toutes les couleurs dans une même bouche
et les parfums perdent leur nom
l’enthousiasme
une sorte d’impatience (extrait)#littéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 459-2025.10.27
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ça ressemble à l’oubli.
j’ai un jour cessé de respirer
je ne suis pas morte
– le corps a ses réflexes
je ne respire plus
ça ressemble à l’oubli
l’oubli absolu des voix animales (extrait)#littéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 458-2025.10.18
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pour cesser d’être humaine.
elle —
vitesse friable
tout à cran
leur langue trop près
trop de souffle sur le cou
et leurs gestes s’imposent
bruit
accélérer pour rester entière (extrait)#littéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 457-2025.10.12
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sourire ou se taire du visage.
sourire des dents
comme on saigne du nez
sans prévenir
pour ne pas parleron précipite les lèvres
sourires invasifs
bouches qui débordent
comme flaque (extrait)#littéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 456-2025.10.05
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oublier pour apprendre.
le bruit d’une main sur la peau
les couleurs du matin
le mouvement d’un visage
le goût humide du pain
l’odeur de fatigue dans le corps
…
faut-il se souvenir pour être sûre d’avoir vécu ? (extrait)• conception, texte, montage : gracia bejjani
• sélection d’images provenant
de ressources libres de droits#littéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 455-2025.09.28
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aux endroits du corps qui ne rêvent pas.
soleils emmurés
dehors comme dedans
je vis dans leurs bruits
ça bourdonne, s’immisce
ça bavarde, zigzague, exige
ça s’oppose, ça inquiète, isole, ça fascine
ça bredouille, refuse, implore
ça freine, pousse, ça autorise parfois (extrait)#littéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 454-2025.09.21
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comme dans un voyage.
Dans l’ascenseur, mesurer les phrases accordées au nombre d’étages.
En dire moins parfois, jamais plus. Le tempo, comme en poésie.
Dans l’ascenseur, on joue à deviner l’étage.
Polis, précéder leur geste vers le bouton. (extrait)#littéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 453-2025.09.13
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et le béton semble respirer.
on entend la lenteur des mots
le vide entre les lettres
respire, à peine
l’attente
des mots si lents qu’à l’arrêt
s’inventent alors d’autres langages (extrait)Installation filmée :
“The Healing Machine” de Emery Blagdon
Exposition : L’Art Brut – Grand Palais, Paris#littéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 452-2025.09.06
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le piège des mots qu’on aime.
il s’agira d’être rapide
prendre ce temps
aller vif
comme un battement affolé
retour obstiné au même
autre sous la peau (extrait)#littéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 451-2025.08.29
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𝐯𝐨𝐢𝐫 𝐝𝐨𝐮𝐛𝐥𝐞.
expérimenter
deux visions
d’un même texte#littéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 450-2025.08.23
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sans mot.
Depuis quelque temps, la peinture.
Le silence de la peinture. Corps, formes, couleurs.
Je viens de terminer un nouvel essai : dessiner et colorier des fragments, que je colle ensuite, au fur et à mesure, sans intention préalable. -
mais du silence.
…le miroir devrait se retourner
rendre les visages prêtés par la mère
ses mimiques quand elle lui parlait
nous l’avons vue parler au miroir et rire
nous aurions dû retenir ses paupières d’alors
ce fracas de vie (extrait)#littéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 449-2025.08.14
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un jour le port de Beyrouth.
(…) Un jour, le port de Beyrouth a explosé. J’ai écrit, publié des textes pour éprouver le réel, comme on touche une plaie. L’obsession des traces. Depuis, seul ce qui est écrit semble vivre. Lire, écouter, voir pour reconnaître. Éloignée, attachée. Je me suis répétée, sûrement. Comme pour retenir de nouveaux mots, ici de nouvelles réalités. J’ai mis du temps. Je mets du temps. Cette minute. Je me souviens. Et puis, l’abandon.
Le réel ne s’excuse pas (extrait)#littératube #VidéoEcriture #poésie #liban #beyrouth
micro journal 448-2025.08.09
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leur langue comme vent.
…ils ont cette audace
rien ne s’évite
ils occupent chambres, ventres
et temps
claquent de lumière (extrait)#littéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 447-2025.08.03
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d’un même ventre terrestre.
attendre
au plus près du sol
— l’attente est lieu
.
les phrases
s’écrivent, offrandes de corps couchés
pensées se souviennent (extrait)#littéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 446-2025.07.28
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le possible des mots.
l’enfant
flaques aux pieds
corps et nuages à l’envers
dévorés
.
la peur
.
tout fait semblant (extrait)#littéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 445-2025.07.19
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mon corps cherche la mer.
à ce stade de la nuit
mon lit — terre aquatique
les draps se soulèvent
comme vagues tièdes
ça s’installe dans les creux
le bas du ventre
la peau molle (extrait)#littéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 444-2025.07.14
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comme un courant d’air entre les omoplates.
on était tenus — entiers
peut-être
forme close intacte
puis on s’est blessé un jour
d’un souffle d’un rien
un fil cassé dans la couture du réel
et la trame se défait (extrait)littéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 443-2025.07.05
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juin | carnet
Torrents d’eau dans les escaliers du métro parisien pendant que je regarde un film sur la fin du monde.
Les mots de Trump. Comment faire encore confiance aux langues ?
Partout, nos têtes baissées. Plus d’empreintes que de doigts – emprise d’écran. Visions courtes, rétrécies Oreilles pleines, tous azimuts.
Nos irritations à la moindre contrariété. S’agacer par réflexe ou par fatigue ?
Des lèvres remuent, voix de peu.
Des phrases me reviennent. Elles se répètent, m’empêchent de penser.
Les couloirs du métro caricaturent le mouvement. Illusion de traverser ensemble.
Devant les amis, devant les inconnus, je suis touchée, concernée mais autre. L’isolement. Même.
Pour quelques minutes d’attente, on le sort. Moi je prends mon bic, ma riposte. Même obsession, même geste – seul l’objet se déplace.
Écrire ne tait pas le silence, il l’évide, le retourne. L’autre silence afflue. Semblable à cet indéfini qui circule entre rêve et sommeil.
Bic, carnet et couleurs. Mon écriture à la main, peut-être elle, unique. À l’écran, des lettres identiques, tapées par nos différences.
Aucune certitude de singularité, il ne suffit pas d’une graphie personnelle pour créer une voix.
Appel à sosies, mais pour l’écriture (forme et fond – deux appels).
Se relire ressasser : retrouver l’humilité.
On fixe les numéros affichés, persuadés de les aider à se précipiter jusqu’au chiffre attendu. Désintérêt aussitôt après.
Des papillons sur la couverture du carnet ? Des étoiles sur mon autre. Je me souhaite peut-être, envol et éclat.
Nouvelles tendances en communication : décaler l’attention. Sur une pub pour les lunettes, la femme affiche une énorme glace contre ses lèvres, un cornet. Plus loin, un mannequin aux dents si blanches, si bien plantées, que la belle semble se tromper de message en vantant une crème solaire.
La danse, le rire… le corps a cette liberté totale. Au malaise, on jugerait ridicule cet être joyeux et sans contrainte.
Groupes d’enfants dans le métro. Les bras des animateurs ne contiennent pas le désordre. Quai comme cours de récré transposée.
Certains cheveux donnent envie de caresser les têtes. Il suffirait de peu. Je m’en empêche évidemment. Si proche, je pourrais.
Elle répète : Villejuif, Villejuif… Se le répète. Déçue ou contente ? Je retiens la question.
Une dame et son petit-fils grandi. Ce n’est plus l’enfant, une nouvelle langue se cherche entre eux.
Ma première parole du jour, non désolée. Désolée de quoi ? Ma réponse précède les voix.
Devant moi dans la rue, un homme, une canne. De sa main gauche, il touche sa fesse pour soutenir la marche.
Au comptoir d’une salle d’attente comme seule en scène : Je n’aime pas les chats. C’est comme ça. Je déteste les animaux. Oui, tous. Moi, c’est les humains que j’aime. Ses collègues rient. Languette à la main, nous attendons d’être appelés.
Au réveil, paupière supérieure meurtrie. Petite rougeur mais le corps entier abattu. Comme si le rien de la lésion entraînait à terre toute vitalité. Et ce corps grand-maître achève l’élan. Apathie en diapason.
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grammaire de l’absence.
chtaktellak
اشتقتلك
je suis en manque de toi
ta voix le sait
je l’écoute encore (extrait)littéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 442-2025.06.28
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comme cousus au sol.
je ne suis pas en danger
j’ai un drap
jusqu’au visage
ce n’est pas le tonnerre
ce n’est pas l’orage
mêmes déflagrations s’abattent
nous avons appris à distinguer :
ciel ou guerre, d’autres foudres (extrait)littéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 441-2025.06.21
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ton corps et ses mots bas.
…ni pensée ni silence
des voix sans seuil
ça s’entend de nuit,
quand les mères se taisent
les voix passent sur toi, en toi
on ne te veut pas de mal
on ne te parle pas
tu entends les odeurs de leurs étreintes
sueurs frottées
l’odeur comme bruit s’accroche (extrait)#littéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 440-2025.06.15
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mémoire froide.
elle pose des post-its partout
pour ne pas oublier la vie
quand elle — tellement oubliée
sur le miroir :
réalité en cours de rechargement
dans le frigo : mémoire froide, à surveiller (extrait)littéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 439-2025.06.06
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écrire debout.
« écrire debout », ma contribution à une proposition de Remue Net .
Texte inspiré par une photo de Patrick Chatelier.
À lire sur remue.net
https://remue.net/gracia-bejjani-ecrire-debout -
derrière les choses de ce monde.
le temps ne répare pas
je renonce à sa fatigue
pour un souffle
cet instant où l’amour apaise
l’enfin certitude d’aimer
de tenir la douleur (extrait)littéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 438-2025.05.25
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terre carnivore.
Nous, je voyais. Je nous voyais plus d’une. Nous. Et je pouvais ainsi traverser les sols invisibles. Poser nos pieds sans crainte d’être mangées par en dessous. Mâchées, recrachées plus loin. Terre carnivore sous son habit de feuilles. Quelque chose de mou sous les semelles. Il fallait se méfier de la douceur. (extrait)
littéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 437-2025.05.19
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ne pas voir vieillir nos mains.
quand les rochers
comme végétaux sans saison
leurs instants arrêtés
si fixes que mobiles — autrement
doux monstres
comme au ciel, les nuages (extrait)littéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 436-2025.05.11
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notre attente orpheline.
ils nous écoutent
j’écoute, ils disent
n’entendent que leurs pensées
crânes pierreux aux grimaces fossiles
on ne saura rien d’eux
ils ne sauront rien de nos rythmes (extrait)littéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 435-2025.05.03
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puisqu’il le faut.
#littéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 434-2025.04.28
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n’entends qu’à voix basse.
je n’entends
qu’à voix basse
avec les yeux — entends
revenir sous ma main
mes disparus
mon geste les retient
je le sais
bascule qui arrête et réveille
d’autres cadences
quand les morts disent
l’inachevé (extrait)littéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 433-2025.04.21
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« Dire le Liban ».
joie d’avoir contribué à « Dire le Liban », ouvrage collectif dont le lancement aura lieu le 26 avril, entre 17h et 20h, au Souk el Kotob (Liban)
(ventes reversées à une organisation non gouvernementale internationale dont le nom sera dévoilé lors du lancement)
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quand trop dire bégaie d’aplomb.
𝒄𝒂𝒓𝒏𝒆𝒕 𝒅𝒆 𝒎𝒆́𝒕𝒓𝒐
qui qui qui
dis-moi qui qui
sa voix de père sur le quai
il marche vite
yeux invisibles, penchés sur elle
sa petite à côté
ne répond pas
par le silence échappe
mitraille de qui dans la peau (extrait)littéraTube #VidéoEcriture #poésie
micro journal 432-2025.04.12