me tais
bercée d’obscurité
me coule, plomb
nuit et ses instants cieux
m’arrête, peau et chair mues par l’élan
me fais vitre et derrière déroule des cailloux de vie
nuit, je cesse de me mimer
molle de tous sons tus
me tapis contre, battue de cris
aux heures canines
me laisse mastiquer
partout, les trous
dentelles de questions
questions d’avant rhétorique
pourquoi je suis créée
et d’autres pourquois, cortège de stupeurs
de voix qui adjurent béance
avec la foi pour s’autoriser dignes
ma foi? je crois qu’il y a un mystère
verbe, sa matière abstraction
me tais, lourde de nuits
récits abîmés de fatigues vénéneuses
douce nausée des fins, fin d’yeux griffes
quand la gorge ahane les mots
m’abandonne aux tournants, sans la confiance des petits
la nuit, son pouls dans mes pupilles inquiètes
rivées à l’opacité
ce quelque chose qui respire d’immobilité
nous en dedans, rompus d’amitié
mêmes nuits d’un exil l’autre
instants textures comme nocturnes enfances
langue écumée d’analogues secousses
abattre les routes comme jadis le salon des parents endormis
marmelade de ténèbres
ça se traverse en tremblant
le soir, c’est journée qui s’accroche
qui ne sait pas s’effacer
derrière la présence étale, ça poursuit
brèches ensoleillées de solitude
les tours s’entêtent à illuminer les verticales
désirs se retournent
la nuit est miroir
les visages, paysages martelés à ses flancs
hoquets d’histoires languissent sur les écrans.
la vidéo réalisée avec ce texte est également visible ici:
https://graciabejjani.fr/2019/02/24/marmelade-de-tenebres/